TABLES RONDES
COLOMBIE : Crise humanitaire migratoire ?
A l’intérieur de l’immense chantier qu’est le fait de parler des déplacements et migrations, la Colombie est un exemple paradigmatique, et ce, à plusieurs égards.
La Colombie est le pays d’Amérique qui historiquement reçoit le moins d’immigrés (1% de sa population issue de l’immigration, 35% au Venezuela). Les raisons : des conditions économiques peu favorables, une violence interne permanente et des lois anti-migratoires.
Le conflit armé colombien a généré le déplacement forcé de 6 millions de colombien.ne.s. Il a été le 2ème pays quant aux déplacés internes après la Syrie. Encore en 2022, on dénote 339.000 nouveaux cas de déplacements forcés.
« Nous sommes une nation en exil ». Les causes qui ont conduit 6 à 8 millions de colombien.e.s à choisir l’exil sont multiples. Il faudrait noter les booms pétroliers du pays voisin qui leur offrait de meilleures conditions de vie (1974-1982 et 2004-2012). Cependant, avec les années 90, la principale raison de l’exil est la guerre entre les acteurs armés -para militaires, armée et guérillas. Conflit de 50 ans dont les effets ont été invisibilisés ; pour la population exilée et les territoires d’accueil, abandon et indifférence tant de l’État colombien que de la société.
Aujourd’hui, les colombien.nes de l’exil, organisé.e.s en centaines d’associations, témoignent d’une crise humanitaire migratoire (1,85 millions de sans papiers) et réclament une loi qui garantisse la possibilité du retour pour ne plus être « un radeau à la dérive » selon l’expression de Gabriel García Marquez.
Pour en savoir plus, cliquez ici !
CINÉ ET TÉLÉ : Regards depuis la migration ?
Ce n’est pas seulement ce qu’il y a devant la caméra qui nous intéresse, mais aussi ce qui se passe derrière elle. Par quels chemins en arrive-t-on à la caméra ? Quelles dynamiques se produisent autour d’elle ?
Nous le savons très bien, le cinéma et le monde des productions audiovisuelles en général, est à la fois un art, mais aussi un langage, une industrie et un ensemble de situations sociales et politiques. Nous pourrions presque dire, avec Marcel Mauss, que le cinéma est un “fait social total” et, comme tel, nous nous proposons de l’aborder. Que se produit-il quand des personnes exilées prennent une caméra en composant, en images et sons, leurs récits de vie ? Que se passe-t-il quand les diasporas politiques du monde entier fondent des télévisions alternatives pour faire entendre leurs voix ?
Quelles nouvelles formes de subjectivités ou alors de “collectifs” se créent à partir de ce mouvement de création audiovisuelle, qui est en même temps une réaffirmation des existences et des vies, non seulement biologiques, mais aussi
politiques ?
Dans une France qui semblerait se refermer de plus en plus sur elle-même,
nous faisons le pari de questionner l’existence même des frontières, du moins en regardant un film, car au final, au cinéma, nous parlons tou.te.s la même langue : celle de la lumière.
Et pour finir, tant qu’à faire, nous allons même convoquer et possiblement parodier Jacques Deridda en posant, comme une pensée légère, la phrase suivante :
« Ce qu’on ne peut pas dire, il ne faut surtout pas le taire, mais l’écrire, avec la lumière ».
Venez échanger avec :
Sara Erasmi – Anthropologue visuelle et Chargée de Mission des Rencontres pour FAL33 (modération) – Ever Miranda Palacio (cinéaste) – Karoli Bautista Pizarro (cinéaste) – Christy Cauper Silvano (cinéaste) – Khaldiya Amer Ali (cinéaste) – Marah Mohammad Alkhateeb (cinéaste) – Victor Torres (activiste et militant politique)