Fernando Lopez Cardona
Colombie
101 min
2023
Synopsis
Au milieu des années 90, suite aux conflits armés qui ont secoué la Colombie, de nombreux corps anonymes sont jetés dans le fleuve Magdalena et arrivent au village de Puerto Berrío. Les habitants décident d’adopter ces morts comme si c’étaient des proches : ils les choisissent, leur donnent un nom, les enterrent et les incluent dans leurs prières pour sauver leur âme.
« El animero », chargé de promener les âmes des morts dans le cimetière, choisit le corps d’un homme arrivé décapité. Il décide de partir à la recherche de la tête du mort pour lui rendre sa dignité perdue.
Trailer
Programmation
Pessac – Jean Eustache : samedi 23 mars à 21h – en présence du réalisateur
Sainte-Foy-la-Grande – La Brèche : dimanche 24 mars à 17h30 – en présence du réalisateur
Pour aller plus loin
[FR] “Cependant, le film ne se concentre pas sur le crime mais sur ce dialogue entre la vie et la mort qui se produit à travers la coutume d’adopter les défunts et d’établir avec eux une relation de solidarité et d’entraide mutuelle, ce qui lui confère une transcendance et une beauté très puissantes. De plus, pour contrebalancer la violence, il se révèle dans un paysage lumineux : le soleil, la rivière, toute la nature, sont splendides. Et, surtout, à cette merveille naturelle s’ajoute une poétique de la retenue : pendant les presque deux heures restantes du film, tout se déroule lentement et délicatement : les acteurs se déplacent sans précipitation et parlent lentement, il n’y a pas de cris ni de scènes dramatiques de personnes endeuillées se jetant sur les corps de leurs proches. Le film préfère recourir à cette grammaire de la retenue, à ce déroulement cinématographique lent qui produit en nous, en tant que spectateurs, un sentiment d’étouffement, de quelque chose de réprimé, comme si nous avions une légère masse d’air dans la poitrine.”
“Memento mori nous rappelle alors la nécessité de bien faire notre deuil social, de trouver la vérité, de construire une mémoire significative, de dire adieu à nos morts et de bâtir notre avenir. C’est ce que font les habitants de Puerto Berrío lorsqu’ils adoptent les NN récupérés de la rivière et leur rendent hommage, c’est ce que fait Naré lorsqu’elle enterre les affaires de son mari et lui dit au revoir dans son cœur. C’est le seul moyen de retrouver le rythme de notre marche et de sortir de cette mélancolie qui nous paralyse depuis déjà de nombreuses décennies. Un film merveilleux.”
[ES] “Sin embargo, el filme no se concentra en el crimen sino en ese diálogo entre la vida y la muerte que se da a través de esa costumbre de adoptar a los muertos y establecer con ellos una relación solidaria de ayuda mutua, y eso le da una trascendencia y una belleza muy poderosas. Además, como contrapeso de la violencia, se regodea en una paisajística luminosa: el sol, el río y la naturaleza toda es esplendorosa. Y, lo más importante, a ese portento natural suma una poética de la contención: durante las otras casi dos horas del filme todo transcurre lenta y delicadamente: los actores se mueven sin apuros y hablan pausado, no se escuchan gritos ni hay escenas dramáticas de deudos arrojándose sobre los cuerpos de sus seres queridos. El filme prefiere recurrir a esa gramática de la contención, a ese discurrir fílmico pausado que nos produce como espectadores una sensación de ahogo, de que algo está reprimido, como si tuviéramos una leve masa de aire en el pecho.”
“Memento mori deja, entonces, la constancia de que necesitamos hacer bien nuestro duelo social, encontrar la verdad, construir una memoria con sentido, despedir a nuestros muertos y edificar nuestro futuro. Es lo que hacen los habitantes de Puerto Berrío cuando adoptan los NN rescatados del río y les hacen sus honras fúnebres, es lo que hace Naré cuando entierra las cosas de su esposo y lo despide en su corazón. Es la única manera de recuperar el ritmo de nuestro andar y salir de esta melancolía que nos paraliza desde hace muchas décadas ya. Maravillosa película.”
Source : Memento mori, en las aguas de la incertidumbre – La Palabra (univalle.edu.co)