Alejandro Quiroga
Bolivie
83 min
2022
Synopsis
Grégorio, paysan rustre et idéaliste, vit frustré dans le village de Rosillas. Il veut absolument récupérer les eaux de l’ancien lac de barrage qui appartenait à sa famille et qui furent détournées par un riche agriculteur argentin. Celui-ci est de connivence avec le maire du village pour favoriser ses cultures. C’est pourquoi Grégorio doit affronter le mépris de ses voisins, la corruption, le pouvoir socio-économique de l’élite, en dépit de l’amour de Paula, la professeure d’école qui l’incite à aller vivre en ville. Résolu et arrogant, il tente tout afin de survivre sur ces terres que tous ont décidé d’abandonner.
Trailer
Programmation
Pessac – Jean Eustache : vendredi 22 mars à 20h30 – en présence du réalisateur
Saint-Médard-en-Jalles – L’Étoile : jeudi 21 mars à 20h30 – en présence du réalisateur
Pour aller plus loin
“Sur une intrigue digne d’un western politique à l’italienne, sous l’intense lumière d’un milieu aride, Los de abajo convoque également la lutte des classes du Cinema novo avec sa région mythique et aride du Nordeste, sans oublier le néoréalisme de l’approche documentaire du milieu social pris dans son quotidien. La démarche se situe résolument ici à l’antipode de l’image exotique de la Bolivie andine pour placer au centre de l’intrigue un enjeu politique et
environnemental majeur dans le pays : le scandale de la privatisation de l’eau avec le soutien des institutions locales
pour rappeler que les changements politiques à la présidence ces dernières décennies n’ont pas pu protéger
comme bien public l’accès à l’eau.
La problématique devient aussi universelle qui rappelle notamment le scandale de la multiplication du détournement
des eaux via les méga bassines notamment en France qui ont et continuent à faire beaucoup parler d’elles. Ici, la mobilisation n’est pas collective car au centre de l’intrigue se trouve un homme seul luttant contre une injustice profonde quant à l’accès à l’eau. Cette absence d’organisation collective du côté du révolté contre une injustice criante prépare ainsi le terrain de ce qui se transforme en tragédie dans un cadre social que le cinéaste autour de son
scénario original va prendre le temps de décrire au fil des démarches de son protagoniste. Dans l’ombre du combat et de la mort du Che en Bolivie, le film d’Alejandro Quiroga dresse le constat plutôt pessimiste du côté de l’action politique sur la thématique de l’eau.
Plus proche du cinéma réaliste que du film de genre, le cinéaste en utilise cependant quelques codes avec parcimonie pour ne jamais trop s’éloigner d’une narration locale. Les rôles principaux sont cependant portés par des acteurs professionnels pour insister sur la légitimité de la fiction à porter des sujets documentaires. En écho avec le cheminement du père, le film suit en parallèle celui de son jeune fils qui se retrouve malmené à l’école, rappelant que la discrimination d’un individu s’inscrit aussi localement comme une continuité familiale. Dans un tel cadre, la tragédie dessine peu à peu son dénouement comme un modeste écho à diverses situations rurales complexes à travers le pays.”