Husek
Les communautés wichí du Grand Chaco occupent leur territoire au plus près de la nature, de la forêt et du fleuve, sources de vie. Le cacique Valentino et son petit-fils Leonel se mobilisent contre le projet immobilier du gouverneur local. Deux manières d’habiter le monde s’affrontent, deux langues se côtoient, et ne pas recourir à la traduction systématique des paroles des wichís interroge sur la force identitaire d’une langue.
Projection dimanche 26 mars à 17h15
La réalisatrice
Daniela SEGGIARO
Daniela Seggiaro est diplômée de l’Université de Buenos Aires, formée aux métiers de l’image et du son. Elle vit à Salta, au nord de l’Argentine, où elle est née en 1979. Son travail est constitué de documentaires, de court-métrages d’animation et de films institutionnels. Elle s’intéresse particulièrement aux sujets historiques et anthropologiques. Avec BEAUTY (2012), Daniela Seggiaro réalise son premier long-métrage de fiction. Depuis, elle a écrit le scénario de MAGALI (2019) et réalisé la film HUSEK sélectionné en compétition internationale au Festival international de cinéma de Marseille en 2021.
Pour aller plus loin...
La représentation des communautés originaires est suffisamment rare dans le cinéma argentin, d’autant plus dans la fiction, pour être remarquée. Depuis son premier long métrage (2012) Daniela Seggiaro n’a de cesse de donner de la voix sur un sujet totalement marginalisé en Argentine. Son nouveau film Husek est ainsi un acte politique fort notamment en mettant en valeur la langue wichí lhamtés güisnay de ses protagonistes. La réalisatrice s’empare pleinement de la démarche documentaire en filmant ses protagonistes non seulement dans les gestes de leur vie quotidienne mais aussi autour d’activités qui fondent leur propre culture. De même, l’intrigue se suit à un rythme lent, opposé à celui des décisions iniques imposées dans l’urgence afin de tirer le maximum de bénéfices dans des grands projets de transformation architecturale où les intéressés ne sont pas consultés.
Si ces récits d’appropriation illicites de terres sont monnaie courante comme une continuité du colonialisme européen en Amérique, Daniela Seggiaro ne construit pas un récit sous le poids du fatalisme mais bien plutôt sur la dignité d’une communauté en lutte. Le point de vue hors de la communauté apparaît aussi avec le rôle de la jeune architecte elle-même méprisée et manipulée par son entourage professionnel tout comme un ensemble d’individus jouissant de l’exercice de leur pouvoir machiste à son égard. La cinéaste réussit à préserver cette expression multifocale qui rend la compréhension plus juste des enjeux politiques en cours. Ce film a reçu à très juste titre une mention spéciale au sein de la sélection internationales des longs métrages en compétition au FID 2021.