Tiempos de lucha
Jesus Reyes & Victor Hugo Rivera | Venezuela | 90’ | 2019
En 2018, sept conseils communaux décident de s’organiser pour former une commune à Los Altos de Lídice, dans l’ouest de Caracas. Ce documentaire suit leur lutte quotidienne pour créer une autonomie communale et pour résoudre des problèmes de la vie courante. Des sujets tels que la santé, les loisirs et les services sont des points de rencontre pour discuter et construire une forme d’autonomie gouvernementale.
Pimenté de persévérance féminine, de sentiments, de salsa et de foi, ce film est une auto-analyse du Peuple par le Peuple filmé avec un langage innovant et participatif.
“Vamos a dar otra información a la comunidad internacional y van a decir ‘Venezuela está en pie de lucha’ y está en pie de lucha de manera digna, no llorando, ni pidiendo, sino desde la dinámica de aquí, desde la premisa de que sólo el pueblo salva al pueblo y el trabajo colectivo es el que predomina"
Nous allons donner une autre information à la communauté internationale et ils vont dire "le Venezuela est en lutte" et il est en lutte d'une manière digne, sans pleurer, sans mendier, mais à partir de la dynamique ici, à partir du principe que seul le peuple sauve le peuple et que le travail collectif est ce qui prévaut"
Jesus Reyes
Les réalisateurs
Jesus Reyes
Réalisateur, chargé de photographie et de vidéo, diplômé de l'Université Expérimentale des Arts mention cinématographie, Jesus Reyes travaille maintenant comme animateur à l'École populaire latino-américaine de cinéma, télévision et théâtre où il a organisé plusieurs ateliers axés en général sur la production audiovisuelle. Très intéressé par la construction du discours, il a étudié l'édition d'image et le montage en participant à certaines séries télévisées et à certains longs métrages comme assistant de montage. Il travaille actuellement sur son premier long métrage intitulé Memorias del cielo, un film qui propose une approche aux personnes qui vivent dans les Magallanes de Catia, secteur populaire de l'ouest de Caracas.
Victor Hugo Rivera
Réalisateur, directeur son et chargé de post production sonore, V.H. Rivera a étudié à l'Université Expérimentale des Arts, mention cinéma. Il travaille avec Jesús Reyes comme animateur à l'École populaire latino-américaine de cinéma et sur le discours en cinématographie. Il a réalisé un court métrage sur la cosmologie de la Sierra Falconiana intitulé Ventea.
Les invités lors de la soirée du dimanche 28 mars
Thierry Deronne
Cinéaste belge, universitaire (IHECS Bruxelles), Thierry Deronne vit au Venezuela depuis 1994. Il a d’abord vécu deux ans au Nicaragua pour apporter son concours de vidéaste au mouvement de transformation mené par le gouvernement sandiniste et a rejoint ensuite le Venezuela où, après la victoire électorale de Hugo Chavez, il a fondé une école populaire latino-américaine audiovisuelle ainsi que deux télévisions populaires. À partir de 2004, il a participé à la direction et à la formation du personnel de la télévision publique participative Vive TV créée à la demande du Président Chavez. Il est au cœur du projet de construction de l’école internationale de communication des mouvements sociaux « Hugo Chavez », espace d’articulation des mouvements sociaux du monde entier et de rencontre avec les organisations populaires locales. Il a réalisé plusieurs films documentaires dont Le Passage des Andes (2005) et Jusqu’à nous enterrer dans la mer (2017). Thierry Deronne a créé le blog Venezuela Infos dans lequel il informe le public de la réalité du Venezuela.
Daniel Cirera
Secrétaire général du Conseil scientifique de Fondation Gabriel Péri, spécialiste des questions internationales
Blanca Eekhout
Blanca Eekhout est femme politique et militante écologiste vénézuélienne, née à Acarigua le 6 janvier 1968. Elle a été ministre de la Communication et de l'Information du Venezuela et présidente des chaînes de télévision Venezolana de Televisión et ViVe. Entre 2011 et 2016, elle est députée pour l'État de Portuguesa et élue seconde vice-présidente de l'Assemblée nationale et compte parmi les plus fidèles partisans du président Hugo Chávez1.
Pour aller plus loin...
Deux cinéastes ont passé un an dans un quartier pauvre de Caracas pour montrer comment une commune est organisée. Le résultat se révèle avec la première de Tiempos de lucha, acciones de una comuna, un documentaire pour briser les mythes et ouvrir une porte à la réalité populaire (…)
Il s’agit d’un documentaire sur la Commune socialiste d’Altos de Lídice, dans la capitale du Venezuela.
Ce travail est le fruit d’une année de travail. « Nous sommes venus avec l’intention de faire un reportage sur les semailles, nous avons commencé à tourner et nous nous sommes dit « nous pouvons faire plus » et nous sommes restés un an », explique Jesús Reyes, responsable de la caméra et du montage (…)
Semer fait référence à l’une des nombreuses activités qui sont promues dans la Comuna, dans la partie la plus haute de la colline, à côté du Parc National Waraira Repano, au nord de Caracas (…)
Cette recherche a marqué l’ensemble du tournage du documentaire. Il s’agissait de rompre avec un regard présent dans beaucoup de documentaires réalisés dans des quartiers populaires qui focalisent la caméra sur ce que le cinéaste résume comme « des rues brisées, des blocs rouges, des blocs cassés, de l’espace avec des ordures », qui est la représentation graphique de la pauvreté pour beaucoup.
« Votre rapport à l’espace vient d’une autre sensibilité, et cette sensibilité vient du fait que nous sommes du barrio. Dans le cinéma commercial, la représentation du quartier que vous allez trouver est celle de voyous, de putes et de drogues, et ce n’est pas comme ça, parce que le quartier a trop de potentiel » (…) explique Reyes.
L’objectif était différent dès le début : montrer aux gens la dynamique quotidienne de la construction de leur organisation populaire, de leur commune. Pour y parvenir, il a fallu un travail d’immersion, de partage et de construction des images au jour le jour, dans leur rythme et leur dynamique.
« Nous avons travaillé sur la base d’une esthétique de la dignité, du bien-être des personnes, sans surexploiter la pauvreté ou les espaces. L’approche du cinéma direct nous a donné l’avantage de ne pas intervenir dans l’espace des gens, il n’y a pas de poses dans le documentaire, les portraits sont pris sans que les gens s’en rendent compte, cela lui donne une valeur de véracité », souligne-t-il.
Le documentaire dure une heure et demie. Tout au long de cette période, vous pouvez voir comment se déroule la construction de la Commune socialiste Altos de Lídice.
Il ne s’agit pas d’une explication narrée de ce qu’est une commune, mais de sa démonstration à travers la dynamique de chaque jour ; des actions, des dialogues, des débats que les gens ont.
« Nous décrivons le processus, vous voyez des gens qui travaillent ensemble pour le bien-être social de chacun des conseils communautaires et qui assurent le bien-être des grands-parents, des enfants, de la pharmacie, de l’éducation, des services, des transports », dit-il (…)
Il emmène la caméra au cœur de la construction d’une commune : ses assemblées quotidiennes, la planification des activités, la réalisation de ces activités.
« Chaque week-end, il y a une activité, chaque jour, il se passe quelque chose, c’est toujours comme un volcan, et ce que nous avons fait, c’est de le représenter », ajoute le cinéaste.
Le défi est donc double. D’une part, raconter l’expérience d’une commune, ce qui signifie se plonger dans l’une des nouvelles formes d’organisation populaire créées par la révolution bolivarienne. D’autre part, à le faire avec peu de précédents au Venezuela : le documentaire est le quatrième à être diffusé depuis que des communes ont commencé à se former dans le pays il y a 10 ans.
L’objectif était de montrer le bon, le difficile, les contradictions qui, selon Reyes, « sont ce qui fait avancer le processus et se maintient, nous ne peignons pas le magique et le merveilleux » (…).
Les quartiers de Caracas ont de la musique, de la vitesse et du calme, un temps caribéen et populaire dans chaque coin (…)
« Il y a un rythme, et ce rythme de vie est un rythme politique transformant, s’il y a une élection, ils mettent de la salsa à plein volume, l’agitation des gens, le sancocho … Ces actions ont été supposées dans le film, on a supposé qu’il y avait de la salsa, des gens qui criaient, qui s’organisaient, il n’y a pas de mise en scène ou d’intervention du réalisateur dans ce sens. Nous avons respecté l’espace et le son des gens », dit Rivera.
Ce rythme a donné naissance à ce qu’il appelle « une bande sonore des Altos de Lídice » qui constitue la sonorité du documentaire.
Le portrait du quartier est, à son tour, le portrait d’un quartier populaire de Caracas dans un processus d’organisation soutenu.
C’est une des réalités rendues invisibles par la plupart des grands médias internationaux qui construisent l’image d’un Caracas dévoré par la pauvreté, la violence et la négligence de l’État.
Le documentaire ouvre une porte sur la réalité d’une colline filmée par ceux qui font partie de ces secteurs populaires, et il est possible de mesurer ce que représente le chavismo chez les gens humbles. Parce que la commune ne s’explique pas sans la révolution, et la révolution ne se comprend pas sans prendre en compte les milliers de personnes qui, jour après jour, construisent des solutions collectives.
Nous allons donner une autre information à la communauté internationale et ils vont dire « le Venezuela est en lutte » et il est en lutte d’une manière digne, sans pleurer, sans mendier, mais à partir de la dynamique d’ici, à partir du principe que seul le peuple sauve le peuple et que le travail collectif est ce qui prévaut », conclut Reyes.
L’expérience communautaire de Lídice fait le tour du monde
(Traduction espagnole ci-dessous)
La dynamique quotidienne d’une commune est visible dans le monde entier grâce à Tiempos de Lucha, acciones de una comuna, un film documentaire qui, malgré la pandémie, fait la tournée de plusieurs festivals de cinéma internationnaux.
Réalisée par Jesús Reyes et Víctor Hugo Rivera, l’œuvre audiovisuelle a été sélectionnée pour participer aux Rencontres du Cinéma Latino-américain, qui se sont tenues dans la ville de Bordeaux, en France, et qui ont permis au monde entier de connaître l’expérience de la Commune Socialiste des Altos de Lídice à travers une projection virtuelle.
« Les rencontres essaient de montrer le cinéma latino-américain, un cinéma qui raconte les luttes de chacun des pays d’Amérique latine, et permettent de discuter avec des journalistes et des analystes politiques de la situation économique et sociale de ces pays. Je sais que le Venezuela a fait l’objet de nombreuses discussions et réflexions lors de ces réunions en raison de tout ce qui se passe dans notre pays » a déclaré M. Reyes.
La Corée du Sud, le Sénégal, la Tunisie, Paris, la Catalogne et le Chili ont témoigné de la réalité populaire qui est vécue dans ce quartier, et que Reyes et Rivera ont enregistrée après une année de tournage. Tournage qui a commencé comme un reportage sur la plantation et qui s’est ensuite transformé en film, après que les cinéastes aient trouvé une série de dynamiques qui sont promues comme un micro-gouvernement exercé de la commune pour la commune.
Après cette projection, le film se rendra en avril prochain au Brésil et poursuivra son voyage à travers Madrid, le Vietnam, l’Algérie, le Japon, l’Autriche, la Belgique et les États-Unis, montrant une facette du Venezuela que beaucoup ne connaissent pas. Les réalisateurs, tous deux originaires des quartiers populaires de Caracas, ont décidé de changer la façon dont les quartiers sont généralement considérés dans les documentaires. Cette fois, au lieu de montrer leurs défauts, ils se sont concentrés sur leurs vertus et le potentiel qui en fait un exemple à suivre dans le monde entier.
« Nous travaillons avec l’esthétique de la dignité, de donner une image des gens digne, de ne pas surexploiter la pauvreté ou les espaces. L’approche du cinéma direct nous a donné l’avantage de ne pas intervenir dans l’espace des gens, il n’y a pas de poses dans le documentaire, les portraits sont pris sans que les gens s’en rendent compte, cela lui donne une valeur de véracité », a-t-il déclaré.
Tiempos de lucha, acciones de una comuna pénètre au cœur du quartier pour montrer comment sept conseils communautaires ont mis en place des stratégies pour conquérir le bien-être social de tous ses membres ; où la force active des femmes a été vitale pour dynamiser les processus de participation et d’organisation, et où la santé, les loisirs et l’utilisation des services sont un point de rencontre et de débat pour la prise de décision.
Jesús Reyes et Víctor Hugo Rivera ont réalisé le documentaire. sputnik
Veronica Abreu, 29 mars 2021
Experiencia comunal de Lídice recorre el mundo
Las dinámicas propias del día a día en una comuna están siendo visualizadas en el mundo gracias a Tiempos de Lucha, acciones de una comuna, cinta documental que, a pesar de la pandemia, recorre diversos festivales de cine a escala global.
Dirigida por Jesús Reyes y Víctor Hugo Rivera, la obra audiovisual fue seleccionada para participar en el Rencontres du Cinema Latino Americain, que se celebra en la ciudad de Bordeaux, Francia y que permitió al mundo entero conocer la experiencia de la Comuna Socialista Altos de Lídice, mediante una proyección virtual.
“El encuentro trata de mostrar el cine latinoamericano, pero un cine que relata las luchas de cada uno de los países de Latinoamérica, también realizan discusiones con periodistas y analistas políticos sobre las situaciones económicas y sociales de estos países. Sé que Venezuela ha sido un tema de mucha discusión y reflexión en estos encuentros por todo lo que sucede en nuestro país”, relató Reyes.
Corea del Sur, Senegal, Tunez, París, Cataluña y Chile han sido testigos de la realidad popular que se vive en este barrio, y que Reyes y Rivera registraron tras un año de filmaciones que se iniciaron como un reportaje sobre la siembra y que luego se convirtió en película, tras el hallazgo, por parte de los realizadores de una serie de dinámicas que se impulsan como un microgobierno ejercido desde la comuna para la comuna.
Luego de esta proyección, la cinta viajará el próximo mes de abril a Brasil y continuará su periplo por Madrid, Vietnam, Argelia, Japón, Austria, Bélgica y Estados Unidos, mostrando un lado de Venezuela que muchos desconoce. Y es que los realizadores, ambos oriundos de barrios populares de Caracas, decidieron darle un vuelco a la mirada con la que generalmente se observa al barrio desde el género documental, y esta vez, en vez de mostrar sus deficiencias, se enfocaron en las virtudes y el potencial que los hace un ejemplo a seguir para el mundo entero.
“Trabajamos con la estética de la dignidad, de dejar bien a la gente, no sobreexplotar la pobreza ni los espacios. El enfoque del cine directo nos ha dado la ventaja de no intervenir en el espacio de las personas, no existen poses en el documental; los retratos son tomados sin que las personas se den cuenta, eso le da un valor de veracidad”, narró.
Tiempos de lucha, acciones de una comuna se adentra en el corazón del barrio para mostrar cómo siete consejos comunales, ponen en marcha estrategias para conquistar el bienestar social de todos sus integrantes; donde la fuerza activa de las mujeres ha sido vital para dinamizar los procesos de participación y organización, y donde la salud, recreación y el uso de los servicios son un punto de encuentro y debate para la toma de decisiones.
Jesús Reyes y Víctor Hugo Rivera dirigieron el documental. Sputnik
Verónica Abreu, Marzo 29, 2021
https://ultimasnoticias.com.ve/noticias/cultura/experiencia-comunal-de-lidice-recorre-el-mundo/
“El Maizal”, la Commune
Julio Escalona
J’ai la conviction que les communes sont le processus qui nous mènera au socialisme que Chávez créait dans son travail quotidien : plus de lois, de documents et de propositions, de discours, de « Aló, Presidente », etc. Maduro a continué à élaborer. Il a reçu des conseils de Chávez et a fait un grand effort de réflexion et de communication avec le peuple, et même avec le mouvement communal. L’ouvrage « Comuna El Maizal ». Dix ans de construction communautaire », écrit par Saúl Curto, María Eugenia Freitez et Mikel Moreno, m’a été très utile.
Elle (la commune de « El Maizal ») est située dans les États de Lara et Portuguesa, dans les municipalités de Simón Planas et Araure. Elle a été fondée en 2009 et fête ses 12 ans. El Maizal est basée sur « l’autogestion, la coresponsabilité, la coopération, la durabilité, la liberté, la justice sociale, la solidarité, l’équité, la transparence, l’honnêteté, l’égalité, l’efficience et l’efficacité, le contrôle social, la responsabilité, l’association ouverte et volontaire, la gestion et la participation démocratiques, la formation et l’éducation. Son principal dirigeant est Ángel Prado. Le féminisme est une partie essentielle de la vision et des pratiques de la commune.
En outre, El Maizal définit son caractère agricole et l’incorporation des familles, qui ne sont pas dissoutes mais renforcées et ratifiées, en promouvant « l’agroécologie, la promotion de la vision systémique de la production agricole, le développement rural durable et la souveraineté alimentaire ».
Lorsque j’ai visité la commune et partagé avec eux, j’ai perçu un sentiment d’avenir, la possibilité d’une nouvelle société qui est là comme une promesse. Que nous, citadins, ne savons pas ce qui nous manque, tellement absorbés par la grande ville, tellement désensibilisés par le bruit, tellement indifférencié et impersonnel, qu’il dilue les présences de telle sorte que les visages se dissolvent et que les esprits deviennent une confusion de voix, plus que dérangeantes, elles se diluent comme si elles créaient un silence sépulcral. El Maizal est comme un rassemblement de fleurs et de verdure, comme une revendication d’une nature pleine de vie et d’enchantement, comme une renaissance permanente de la vie et un sentiment profane et sacré. C’est comme une renaissance d’espoir couverte de maïs et de fruits qui annoncent l’avenir, pleine de mains paysannes.
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Source : albainformazione
Tarduction: FAL 33
UNE ANALYSE APPROFONDIE DU PARI « COMMUNAUTAIRE » DU CHAVISME
Le président Nicolás Maduro a personnellement promu le Congrès national des communes 2.0 (Photo : Presidential Press Venezuela)
Franco Vielma, Caracas, 18 février 2021
Au détriment des discussions et des propositions qui ont émergé lors de la clôture du Congrès national des communes 2.0 le 10 février dernier, le président Nicolás Maduro, très impliqué dans le développement de l’événement, a remis au président du parlement, Jorge Rodríguez, deux projets de loi qui seront essentiels pour le prochain cycle politique : la loi des villes communales et la loi du parlement communal.
La consolidation de ces projets a été proposée lors de la campagne politique pour les élections législatives et les équipes communales qui ont participé au Congrès les ont rédigés à travers 698 propositions.
Sur ce total, 406 ont été enregistrées par les porte-parole des communes et des conseils communaux, tandis que 292 correspondent à la représentation des mouvements sociaux.
LE CHAVISME ET L’APPARENTE INCONGRUITE DOLLARS ET COMMUNES
En raison du timing des informations, il y a une apparente incongruité entre un chavisme au pouvoir qui assouplit les mécanismes bancaires pour permettre des opérations en dollars et un autre chavisme qui fait des bonds énormes en direction les Communes.
Sortons de ce piège narratif et manichéen en analysant la réalité nationale.
Fondamentalement, le blocus économique contre le pays a considérablement dégradé la capacité de l’État à arbitrer les facteurs économiques internes et à soutenir l’ensemble du système, comme cela avait été la tradition pendant cent ans de « rente pétrolière ». Aujourd’hui, le modèle de soutien de l’économie et le facteur central de la politique du pays, le système « rentier », est défiguré par les pressions du blocus.
Cette singularité de la situation politique et économique vénézuélienne a fait que la gestion de l’État est aujourd’hui particulièrement marquée par le pragmatisme, notamment dans le domaine économique, et d’une façon inconnue en plus de 20 ans de chavisme au pouvoir.
Le chavisme a dû mettre en œuvre et tolérer une série de changements de règles, fondés sur des facteurs et des forces supérieures qu’il ne peut contrôler, précisément parce que les capacités économiques de l’État ont été décimées. A cet égard, il convient de souligner non seulement le blocus extérieur, mais aussi l’avancée dans l’économie intérieure de phénomènes tels que la dollarisation partielle des activités commerciales, ainsi que les flexibilités de la politique économique et les mécanismes de revitalisation de l’appareil interne, au-delà de la gestion de l’État, qui ont été acceptés par le gouvernement lui-même.
Ainsi, ce que certains considèrent comme des actes de « régression » par la direction chaviste sont des actes de congruence et de pragmatisme au détriment des conditions imposées. Pour le chavisme, ces conditions imposent de s’adapter ou d’être dépassé par les circonstances d’une hémiplégie économique totale imposée par le blocus.
Le président Maduro a remis au président du parlement les projets de loi les plus attendus par les « communards » vénézuéliens (Photo : Presidential Press)
Dans la même congruence vient le lancement de deux projets de lois communales réclamés pendant des années par ceux qui ont lutté pour la construction des Communes dans le pays.
Le président Maduro a proclamé que les Communes sont des caractéristiques du « Nouvel Etat » qui doit germer en renforçant l’espace politique national dans un cadre de résistance. « Nous devons nous atteler à construire les forces de l’avenir, la force morale et nouvelle de la patrie. Les forces communales, les forces populaires, les forces de la classe ouvrière. Rectifiez partout où des erreurs ont été commises », a-t-il ajouté à cette occasion.
Il a prévu que d’ici la fin de l’année, l’objectif de construire au moins 200 villes communales conformément aux principes de la loi proposée sera consolidé. Il a abordé les priorités essentielles de développement des villes communales parmi lesquelles il a cité : l’élaboration de lois simples de service au peuple ; la seconde priorité est celle des services publics de proximité, contrôlés par le pouvoir populaire, et aussi le rôle des Communes dans l’activité productive.
En d’autres termes, la proposition consiste en une autonomisation politique et économique par des moyens d’autogestion des communes, dans un cadre d’agressions économiques et financières qui ont brisé les formes traditionnelles de gestion économique et politique du pays, lesquelles ont émergé avec l’État « rentier », représentatif, vertical et clientéliste qui a défini jusqu’alors la vie nationale.
Par défaut, il y a une reconnaissance des circonstances. Le chavisme comprend que dans certains domaines il doit céder alors que dans d’autres il doit avancer et que ces situations sont imposées par le moment et par des gravitations qui ne peuvent être contrôlées, mais qu’il doit plutôt manœuvrer. Tout comme dans un contexte de guerre, ce qui est le cas contre le Venezuela, il y a une congruence entre les reculs et les avancées apparents parce qu’ils sont fondés sur des objectifs tactiques.
Il y a une reconnaissance du démantèlement de l’État « rentier » traditionnel, qui exige une transformation des formes de gouvernement et l’accélération des mécanismes de gestion politique et économique au-delà de l’État.
Vu sous cet angle, il n’y a pas d’incongruités. Le moment politique et économique national lui-même, avec toutes ses contradictions, a été propice à un net bond en avant vers la Commune.
UNE APPROCHE STRATÉGIQUE SUR PLUSIEURS FRONTS
L’intention est ambitieuse, elle consiste à inverser depuis les profondeurs, les entrailles mêmes du pays, les modèles de gestion locale, non pas à partir des conditions du pétrole à 100 dollar le baril comme on le voulait à une autre époque, mais à partir des conditions les plus exaspérantes que l’économie vénézuélienne ait connues dans toute son histoire.
Par conséquent, le progrès politique, à l’intérieur du pays, est désormais un facteur clairement stratégique pour le chavisme. L’effondrement du système « rentier » va imposer de nouvelles formes de gestion publique en termes de services de l’Etat, dans des domaines sensibles comme la distribution du gaz domestique ou l’accès à l’eau potable.
C’est aussi un fait que la diminution des capacités de l’État, la réduction de sa puissance institutionnelle, exigent maintenant une action concrète et habilitée, avec des facultés, des secteurs organisés à la base pour gérer pour et depuis les communautés.
Il est également pertinent de mentionner que la reprise économique nationale souhaitée, face à la réduction des capacités économiques de l’État, ne devrait pas être laissée aux mains exclusives du capital privé, si cela est possible, car celui-ci, par nature, ne peut que se rétablir et laisse peu d’espace aux aspirations nationales. Le chavisme continue à considérer le potentiel économique et productif des Communes comme des acteurs économiques naissants, mais avec la capacité d’avoir un impact sur les économies locales grâce à des critères de solidarité pour la production et la distribution de biens et de services. C’est un autre point à considérer.
Serre du producteur national de pommes de terre de semence PROINPA, propriété collective et liée à la commune dans le merideño páramo
Le lancement de la loi sur le parlement communal consiste en une autonomisation politique qui sera indispensable pour le développement de la vie locale, pour repolitiser et revitaliser la participation des protagonistes comme marque incontestable du chavisme. Ensuite, la loi sur les villes communales établira des mécanismes de gestion depuis et pour les communes et créera un habitat pour la gestion des services publics, la production sociale et la circulation des biens et des services.
Dans cette optique, Maduro a fait le pari de « pétroliser » la base des ressources pour financer ces efforts. Il a indiqué que la dévaluation induite au Venezuela oblige l’État à utiliser le Petro comme un instrument, ce qui devient un nouveau tournant dans la vie nationale et crée au Venezuela une autre particularité énorme : le chavisme aspire à construire des espaces d’autonomie locale, en finançant cette grande aspiration par l’utilisation d’une crypto monnaie souveraine.
Peut-être que ce dernier point ne signifie pas grand-chose en raison de notre tendance à banaliser la politique nationale, mais examinons la question à partir de deux références comparatives.
Nous connaissons le bitcoin et de son prix gonflé, qui au Danemark il est utilisé pour acheter des pizzas livrées et l’on sait depuis des jours qu’il servira à payer un véhicule Tesla. En raison de ses caractéristiques, le bitcoin est souvent considéré comme un « instrument contre-hégémonique » qui est défavorable à la finance mondiale telle que nous la connaissons. D’une certaine manière, il l’est, en raison de sa dénomination technologique, mais sa contribution sera énorme pour le capitalisme à l’avenir.
Que dire alors du pétro et de la capacité qu’il pourrait avoir de financer et de favoriser la construction du socialisme sur le territoire, l’autogestion et la démocratie profonde du Venezuela, pays qui dans tout l’hémisphère occidental est le plus grand centre des pressions de l’empire de notre temps.
Avec la phrase « La Commune ou rien », Chávez a proposé ce modèle d’organisation sociale (Photo : Mincomunas).
Le pari est qu’à moyen terme, les communes et les villes communales puissent constituer un habitat pour la gestion politique locale comme alternative aux modèles d’organisation politique bourgeois. En outre, grâce à l’utilisation du pétro et à son intégration dans les opérations quotidiennes, la canalisation des échanges de biens et de services permettra de revitaliser l’espace économique local.
La congruence de ces projets de loi avec le moment que traverse le pays est également dans l’évolution de ces dernières années. La situation défavorable elle-même est à l’origine de ces propositions. Au Venezuela, les défigurations qui ont prospéré depuis le boom de la conjoncture économique ont fait place aux modèles paternels de gestion et ont ouvert la voie à la gestion des politiques publiques depuis le quotidien, depuis la limitation des ressources, au jour le jour, depuis la contingence permanente et depuis le protagonisme des forces de base pour les exécuter. Dans cet aspect, le CLAP (Comité Local d’Approvisionnement et de Production), l’UBCH (Unité de Bataille Bolivar-Chavez), les Conseils Communaux et le tissu politique féminin d’avant-garde dans les communautés ont été essentiels pour faire face aux tourments et aux demandes de la population.
Ainsi, les forces naturelles de la politique intérieure ont permis ce saut, qui est un pari pour le président Maduro. Bien que cette année d’élections régionales pourrait signifier un retrait des forces de gestion alternative, pour le président c’est le contraire et c’est un autre front stratégique à considérer.
C’est un pari qui portera ses fruits, après des vicissitudes et des carrefours, lorsque le conflit entre l’ancien État et l’État communal naissant sera consommé. Il y aura des trébuchements, il y aura des obstacles, n’en doutons pas. Mais il repose aujourd’hui sur l’expérience accumulée et l’expérience que le chavisme a construit dans l’organisation depuis le plus profond du pays.
Source : Misión Verdad
Traduction : FAL 33
L’ORDRE DU JOUR PARLEMENTAIRE COMMENCE PAR UNE FOCALISATION SUR LE NIVEAU COMMUNAL
Franco Vielma
Caracas, 7 janv. 2021
Lors de l’installation de l’Assemblée nationale (AN) élue le 6 décembre dernier, son nouveau président, le député Jorge Rodriguez, a indiqué quelques orientations fondamentales que le nouveau parlement aura, plaçant dans l’ordre de priorités de légiférer et d’agir en faveur de la construction du pouvoir communal au Venezuela.
Rodriguez a déclaré que la nouvelle gestion parlementaire « ira vers le Parlement communal, cette gestion ira vers la création de lois pour protéger les villes communales, les communes, les conseils communaux », a-t-il dit, ce qui implique une relance ou une réforme des lois du pouvoir populaire et la promulgation d’autres, y compris l’aspirante loi des villes communales, qui est considérée par beaucoup comme une pièce juridique manquante pour l’avancement de la réalisation des gouvernements autonomes dans le pays.
Déjà dans le cadre de la campagne parlementaire, Rodriguez avait indiqué que la transformation de l’État était possible à partir de l’approfondissement des mécanismes de transfert du pouvoir aux communautés organisées.
« Nous devons adopter la loi qui donne du pouvoir à ceux qui connaissent le quartier, les conseils communaux, nous devons donner un pouvoir réel aux communes et ce sera par la loi des villes communales. Nous devons donner un vrai pouvoir aux communes et ce sera par le biais de la loi des villes communales… », a-t-il dit.
L’agenda de l’Assemblée nationale va de pair avec la stratégie de l’exécutif vénézuélien d’assumer de nouveaux termes dans la gestion sociale et l’exercice du pouvoir. En octobre dernier, lors du Congrès national des communes 2.0 organisé par voie numérique, le président Nicolás Maduro a donné des instructions pour l’organisation, l’installation et le déploiement de 200 villes communales gérées en autonomie, par le pouvoir du peuple, par les communes et les conseils communaux eux-mêmes.
De même, le président a salué la proposition de donner cours, par l’intermédiaire de l’Assemblée nationale, à un instrument qui donne un corps juridique au Parlement communal qui, selon ses termes, « oblige le Parlement national à consulter les Communes, tous les projets et toutes les questions en débat pour leur décision ».
Cela rend cette proposition politiquement très ambitieuse. Elle suggère la création d’un organe législatif complémentaire à l’AN elle-même et qui dispose d’un véritable corps politique dans les axes territoriaux du pouvoir communal.
De même, le président Maduro a évoqué la nécessité de consolider un nouveau bloc historique national, où les nouvelles façons de faire de la politique sont un facteur inexorable. Elles ont un impact sur les possibilités de remodeler, en termes gramsciens, l’échafaudage de la gestion et de la participation pour moduler l’infrastructure et la superstructure du pays.
Le moment devient opportun pour, dès à présent, décharger toutes les réflexions possibles, pour lesquelles nous poursuivons avec les points suivants.
QUESTIONS ET DÉFIS POLITIQUES
La nouvelle AN a pris sa place dans la politique nationale avec une présentation claire et concrète. Ils insistent pour « réparer » les dégâts laissés par le cycle parlementaire qui l’a précédé, comprenant que cela a permis de consolider un nouveau cadre de réalités dans le pays. À savoir : le blocus et le siège extérieurs, la fracture de l’espace intérieur et du débat politique entre les Vénézuéliens et la stagnation partielle de la politique intérieure.
La nouvelle AN, en faveur de la « réconciliation », de l’ouverture de « mécanismes de dialogue », plus l’insistance sur la création de distensions politiques, selon le discours du député Jorge Rodriguez, vise à maintenir la paix, à briser le blocus, au retour de l’institutionnalité et de l’harmonie politique nationale comme atouts politiques stratégiques.
Mais le chavisme n’entend pas que les formes de dialogue national se perpétuent sous la forme d’un dialogue binomial unique. Le chavisme a su reconnaître l’existence de plusieurs oppositions politiques et, au-delà, d’un pays beaucoup plus diversifié, avec un ensemble de besoins politiques, de revendications de la population et d’anciennes dettes en termes de participation sociale et de démocratie protagoniste.
La pleine reconnaissance du terrain rend ces propositions parlementaires extrêmement stratégiques. Pour la première fois dans un parlement national, les lois concernant le pouvoir populaire sont en tête de l’agenda législatif.
Le chavisme reconnaît alors l’espace politique national au-delà de la diatribe entre les partis. Aller à la Commune, c’est, pour le chavisme, aller à la moelle, aux entrailles politiques de la nation, où se déroule la diatribe de la vie quotidienne, aujourd’hui, entre les douleurs et les conquêtes qui ont été tracées par la nouvelle réalité nationale.
La nouvelle AN est, de tous côtés, une AN pour le « déblocage » du pays. Cela implique que son travail politique dans les limites de ses pouvoirs vise à débloquer tous les nœuds critiques possibles, qui à l’époque ont tenté de placer le Venezuela dans une position hémiplégique.
La politique intérieure est un élément à « débloquer », et pour cela, au-delà des dialogues avec l’opposition, ils appellent à la création de lois qui, dans le large spectre social, changent les règles du jeu démocratique du plus profond du pays.
Ces lois seront rédigées dans un cadre de contestation, car elles seront contestées par des secteurs de l’autogestion politique, qui se sont abstenus aux élections et qui défendront la permanence et la continuité des anciennes formes de politique. Pour cela, ils feront appel à la défense d’instances qui seraient soi-disant éradiquées, comme les mairies, ou signaleront l’élimination des AN par un Parlement communal, en déclarant l’inconstitutionnalité de ces lois du pouvoir populaire.
Ils encourageront les pressions extérieures, le blocus et la continuité des moyens de paralyser l’État national en diabolisant ces initiatives et en dénonçant à nouveau un prétendu communisme imposé dans le pays.
En outre, ces lois seront débattues dans un nouveau pays, un pays différent, soumis à de nouvelles inerties et conditions qui n’existaient pas lorsque les premières lois du pouvoir populaire ont été promulguées. Les nouvelles lois seront élaborées selon les critères d’un État limité en ressources, sous blocus, en contingence permanente et en voie de démanteler le système de rentier pétrolier, qui a été le contrat matériel fondateur du Venezuela contemporain, avant et après 1999.
L’expérience accumulée
Les meilleurs points de référence sur lesquels les parlementaires des AN peuvent s’appuyer pour assumer les nouvelles tâches législatives sur la Commune se trouvent peut-être dans les mémoires des Congrès communaux qui ont eu lieu ces dernières années. Il y a là des principes élémentaires écrits à partir de la propre expertise et de l’expérience de ses protagonistes.
Les forces communales et autres expressions du tissu politique du chavisme sont la réserve sociale, morale et politique du pays ; ce sont elles qui ont eu le privilège ardu d’expérimenter sur le terrain politique du « nouveau ». Ils ont travaillé avec des hauts et des bas, des erreurs, des incohérences, des faiblesses et avec mille obstacles devant eux, mais ce sont eux qui ont donné naissance à une nouvelle façon de faire de la politique au Venezuela et font, par conséquent, partie des expressions du savoir indispensable pour repenser le pays.
Les conseils communaux, et après eux, les communes et les systèmes d’agrégation communale, sont tous des expressions germinales du pouvoir social, ils sont le point de départ pour donner forme aux Villes Communales en tant qu’espaces géo-humains. Ils sont aussi le point exact pour décanter un système de participation parlementaire communale, qui permet de dépasser la vieille logique clientéliste de l’ancien parlementarisme.
Mais l’élaboration d’une loi des villes communales et d’une loi qui se réfère au Parlement communal, implique l’identification de sujets politiques appropriés de plus grande ampleur, non seulement pour être rendus visibles dans ces lois, mais aussi parce qu’ils sont les facteurs qui peuvent donner un réel soutien à ces initiatives législatives dans les instances les plus complexes de la société.
Cette référence va à l’avant-garde, aux CLAPS, à l’UBCH et au tissu politique majoritairement féminin qui fait de la vraie politique au quotidien et au plus profond de l’espace politique national ; ils sont une référence indispensable, car ils sont dans les formes cellulaires de la politique au jour le jour, vivant parmi les gens et à partir d’eux avec les adversités, et étant un mur de confinement et d’attention aux demandes les plus sincères.
Ce sont des secteurs qui, par excellence, sont clairement formés aux façons de faire de la politique au milieu des nouvelles inerties du pays, loin des méthodes aériennes de formulation des politiques publiques. Ils sont donc essentiels, car ils comprennent que l’éventuelle loi sur les villes communales et une loi sur le parlement communal doivent aller à la recherche de nouvelles formes de gestion politique et sociale au milieu des larmes et des opportunités auxquelles nous sommes confrontés.
Ces secteurs sociaux et leurs espaces naturels constituent un foyer d’expertise inestimable et peuvent être, en tant que facteurs de première ligne, les promoteurs du changement opportun des règles qui pourraient découler de ces lois importantes.
Les lois à venir pourraient même reformuler les lois du Pouvoir Populaire en vigueur, car après des années de leur promulgation, la réalité a montré que les mécanismes prévus pour leur mise en œuvre sont dépassés, qu’ils n’ont pas été remplis car les méthodes pour les imposer n’ont pas été efficaces et de plus de nombreuses conditions ont changé.
En d’autres termes, l’expérience accumulée de l’adage législatif au fait, nous oblige à repenser ce cadre normatif. Cela n’implique pas l’expiration des lois en vigueur, mais plutôt que celles-ci ont été formulées dans l’expérimentation du nouveau et ce même processus d’invention est exposé à de grandes possibilités de reformulation en faveur des temps politiques et sociaux.
La lutte naturelle entre le pouvoir constitué et le pouvoir constituant, qui a été longue et complexe dans les entrailles de la gestion publique, va maintenant avoir de nouvelles lois qui, avec une grande emphase, vont déléguer à de nouveaux acteurs politiques de nouveaux rôles pertinents pour l’exercice du pouvoir. C’est très important, car ces lois pourraient résoudre les différends qui découlent des anciennes pratiques et prétentions des fonctionnaires et des institutions à préserver les quotas. Cette lutte est donc aussi une source d’apprentissage pour les législateurs.
Il sera particulièrement important de pouvoir élaborer des instruments qui soient politiquement efficaces, viables, pertinents et adaptés aux conditions matérielles et existentielles du pays.
Comme suggestion supplémentaire, il conviendrait que la rédaction de ces lois soit originale, en explorant l’idéologie nationale d’origine, en particulier celle qui est née de Simón Rodríguez lui-même, qui a appelé « Toparquie » le gouvernement du lieu et l’autonomie comme forme d’organisation de l’exercice du pouvoir sur le territoire de la République, en dissolvant les formes de pouvoir nées de l’inertie coloniale et en les remplaçant par des autonomies faites sur mesure par des hommes et des femmes libres en association et en organisation. Il y a là, dans toute cette accumulation théorique, une immense richesse que nous ne pouvons plus sous-estimer.
Bref, le tableau d’ensemble est idéal et fertile pour l’audace politique, pour libérer les forces de la politique au sein de la société vénézuélienne, avec un nouvel élan et des aspirations plus ambitieuses.
Source : Misión Verdad
Traduction : FAL 33