POR EL PARANA

Alejo di Risio et Franco Gonzalez

Argentine

62 min

2024

Synopsis

Deux documentaristes passionnés du fleuve Paraná entreprennent un voyage pour explorer la complexe réalité de la vie autour de cet important cours d’eau latinoaméricain. Le périple révèle l’opposition et les conflits existants entre les immenses porte-conteneurs du commerce international, les pêcheur·euses, les habitant·es des îles et les communautés locales. Avec une baisse du niveau de l’eau qui atteint ses minimas historiques, les habitant·es locaux naviguent chaque jour pour défendre leur inébranlable connexion avec le fleuve et sa biodiversité.

Trailer

Programmation

samedi 22 mars à 14h

Réalisateurs

Alejo Di Risio est ingénieur et titulaire d’un master en Écologie Politique et Alternatives au Développement à l’Université Andine Simón Bolívar. Ses recherches se concentrent sur les futurs écologiques et les moyens de les concrétiser. Il est co-fondateur du collectif interdisciplinaire Society and Nature et occupe actuellement le poste de Responsable de la Communication pour l’Association Argentine des Avocats/Avocates Environnementalistes ainsi que pour le Collectif d’Action pour la Justice Ecosociale.
Il a dirigé deux long-métrages documentaires Caja Negra: El Mito del Voto Electrónico (2017) et Por el Paraná: La Disputa por el Río (2024).

Franco González est un réalisateur et cinéaste argentin, reconnu pour ses travaux documentaires et ses recherches sur les thématiques écologiques, sociales et politiques. Il est connu pour sa collaboration avec Alejo Di Risio dans la réalisation du documentaire Por el Paraná: La Disputa por el Río (2024), film présent au festival de cette année.

Pour aller plus loin

« Pour le Paraná, la dispute pour le fleuve ». Un documentaire contre l’extractivisme.

Une œuvre audiovisuelle qui nous offre, plus qu’un voyage à travers les profondeurs du lac. C’est une critique forte, à travers les différentes voix qui habitent et traversent le lac, qui met en lumière les intérêts impliqués dans le grand business de la mal nommée « voie de navigation ».  Apiculteurs, pêcheurs artisanaux, femmes ayant vécu toute leur vie sur les îles du Paraná, syndicalistes, avocats, naturalistes. Des voix qui atteignent les profondeurs des routes économiques où naviguent le pillage et l’extractivisme capitaliste. 

« Pour le Paraná » est un documentaire révélateur réalisé par Alejo Di Risio et Franco González. Les réalisateurs nous offrent une perspective particulière : pour défendre le fleuve, il faut le connaître. C’est pourquoi ils embarquent à bord d’une embarcation pour naviguer sur le fleuve Paraná, de San Pedro jusqu’au Brésil. Ainsi, ils deviennent les protagonistes du récit, vivant en personne ce que beaucoup leur racontent et que d’autres analysent. Ils nous invitent à les accompagner et à devenir, nous aussi, des protagonistes. 

Le projet commence en 2021, à la suite de la possible reconduction de la concession, accordée en 1995 et maintenue pendant 25 ans, de la mal nommée « hidrovía » (voie navigable) à l’entreprise Hidrovía S.A., composée des sociétés Jan de Nul (belge) et Emepa (à capitaux argentins). La « hidrovía » est née à la fin des années 80 dans le système des routes maritimes du bassin de la Plata, qui relie cinq pays : le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay, la Bolivie et l’Argentine. Elle implique le dragage d’un canal pour permettre le passage de navires de transport de marchandises à plus fort tirant d’eau sur le fleuve.

Sous le gouvernement de Carlos Menem, la privatisation des entreprises navales et de dragage, des chantiers navals et des ports, entraîne le contrôle quasi total des routes fluviales et maritimes par des conglomérats multinationaux. Cette situation ne sera pas inversée par les gouvernements suivants et constitue le point de départ de l’histoire racontée dans le documentaire.

La dénomination même de « hidrovía » est remise en question à plusieurs reprises par les communautés riveraines et les organisations environnementales, car elle renvoie à un imaginaire façonné par les besoins d’un secteur spécifique, capitaliste, qui transforme le fleuve en une simple voie de transport de marchandises et de transactions qui leur sont étrangères. « Hidrovía est la langue des agro-industries pour penser le fleuve », déclare l’une des personnes interviewées. Mais, comme dans la chanson popularisée par Divididos, où les peines sont les nôtres et les vaches appartiennent aux autres, l’impact et la dégradation environnementale nous appartiennent entièrement.

Ce n’est pas une nouveauté : durant la colonisation, le contrôle des fleuves a permis aux Espagnols de piller l’or et l’argent de l’Amérique, et aujourd’hui, il sert à transporter soja, pétrole ou lithium, fruits de l’extractivisme des biens communs naturels de la région, qui finissent entre les mains d’entreprises multinationales impérialistes.

L’imaginaire du fleuve, déployé par le chœur polyphonique des voix de ceux qui l’habitent et le parcourent quotidiennement, est tout autre. La fusion des opinions entre ceux qui analysent ses différents aspects (commerciaux, environnementaux et politiques) et les habitants de la région confère au documentaire une qualité unique, où les diverses voix forment les fragments d’un même puzzle portant un message commun : « Le fleuve est tout », « Le fleuve, c’est la vie ».

Au cours de ce voyage documentaire, une sorte de road movie sur l’eau, nos protagonistes devront faire face à de nombreuses difficultés, notamment l’accès aux zones ou aux bras du fleuve éloignés du secteur central. Ces obstacles sont en grande partie dus à une baisse historique du niveau de l’eau, causée par divers facteurs, parmi lesquels la construction de la « hidrovía » figure en tête de liste. Cette baisse a un impact négatif sur l’économie des habitants des îles, affectant des activités comme la pêche artisanale et l’apiculture, tout en représentant un véritable défi pour les objectifs des documentaristes.

Por el Paraná nous plonge dans ce « Fleuve-Vie » (Río-Vida) dont parlent les habitants, à travers une photographie magnifique, caractérisée par des couleurs vibrantes, et une musicalisation harmonieuse qui accompagne l’histoire qui se déroule sous nos yeux. Les sons du fleuve, le bruit de la barque temporairement transformée en foyer, le chant des oiseaux nous transportent dans un imaginaire poétique du fleuve, en opposition à sa version marchandisée et extractiviste.

La re-sortie de ce documentaire sur CINE.AR, ce 12 novembre, revêt une importance particulière dans le contexte actuel, marqué par l’essor des politiques et gouvernements de droite en Argentine et dans le monde. Face à cela, il devient nécessaire de proposer un projet alternatif, un autre regard, depuis la base. L’œuvre d’Alejo Di Risio et Franco González nous invite à repenser le rôle de nos fleuves dans le système productif de notre pays, ainsi que la valeur que nous leur accordons.

Le documentaire est à la fois un message d’espoir et un appel à tous et toutes : apprendre à connaître le fleuve pour mieux le défendre, protéger tout ce qu’il nous offre, et le préserver de l’extractivisme sauvage que tentent d’imposer ceux qui, dans leur quête insatiable de profits, n’hésitent pas à le détruire.

Nous croyons que les réflexions laissées par les protagonistes peuvent être un outil précieux pour la lutte. Elles permettent aux travailleurs de s’approprier les revendications environnementales et de les intégrer dans les luttes syndicales. Elles offrent également à la jeunesse, qui joue un rôle central dans le mouvement universitaire en Argentine, l’opportunité de participer aux transformations profondes nécessaires pour construire une vie en harmonie entre la société et la nature. 

 

Source : ‘Por el Paraná, la disputa por el río’. Un documental contra el extractivismo, La Izquierda Diario 

https://www.laizquierdadiario.cl/Por-el-Parana-la-disputa-por-el-rio-Un-documental-contra-el-extractivismo