ALI PRIMERA

Daniel Yegres

Vénézuela

120 min

2024

Synopsis

En 1985, l’auteur-compositeur et chanteur vénézuélien Ali Primera meurt dans un accident automobile. Son premier disque datait de 1969 et il laissait une œuvre très inspirée et riche des valeurs humaines et sociales qu’il défendait. Le chanteur du peuple, comme il s’appelait lui-même, a été guidé par une devise : si la lutte se disperse, le peuple ne sera pas victorieux. Il a été l’objet de nombreuses pressions politiques et d’attentats. Ce film retrace son histoire, de son enfance à sa mort et donne également un aperçu du contexte politique vénézuélien de cette période et des interférences étasuniennes.

Trailer

Programmation

dimanche 23 mars à 20h10 – en présence du réalisateur Daniel Yegres

Réalisateur

Daniel Yegres est un réalisateur et scénariste de cinéma franco-vénézuelien, diplômé de la Faculté d’Arts Audiovisuels, spécialité Réalisation, de l’Université Nationale Expérimentale des Arts de Caracas. Il est aussi président de la maison de production Humana Cooperativa Audiovisual. Depuis 2007 il a réalisé plusieurs courts et longs- métrages parmi lesquels Mira (court-métrage, 2011) et Tarkari de Chivo (longmétrage, 2021). Il présente dans cette édition de notre festival, le long-métrage de fiction Ali Primera.

Pour aller plus loin

Dans cette interview, le réalisateur et l’acteur principal reviennent sur le film consacré à l’icône de la musique engagée vénézuélienne. À travers cet entretien, découvrez les coulisses du projet et l’impact de son héritage à la fois musical et social.

Alí Primera

Alí Primera (2024) est un film profondément anti-impérialiste, tout comme l’était le chanteur dans sa façon de penser, son idéologie et sa cosmovision. C’est un portrait du Venezuela réalisé à travers la musique et le militantisme révolutionnaire. 

Le film, à la façon d’un biopic, narre l’histoire selon un montage constitué de sauts chronologiques : quatre Alí à différents moments de sa vie, depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte, qui fusionnent pour démystifier le héros, le rendre humain, montrer ses imperfections et ses valeurs. La musique renforce la trame et devient également une forme de portrait, à travers les paroles de Primera, d’un Venezuela exploité, avec la soif de se réveiller. 

Le directeur Daniel Yegres relève le défi de narrer l’histoire du « Chanteur du peuple », interprété par Eduardo Gónzalez, de ses amours, ses souffrances et ses chansons qui l’ont accompagné avec sa personnalité indomptable, depuis l’enfance dans les zones désertiques de l’occident vénézuélien jusqu’à sa fin tragique.

Bien que les recherches sur la vie du chanteur-compositeur ont duré trois ans, la réalisation jusqu’à la post-production n’a tardé que sept mois, du fait de l’urgence de présenter ce film au Festival International du Nouveau Ciné Latino-américain. Alí Primera devait arriver jusqu’à Cuba, un pays pour lequel il a toujours ressenti une profonde admiration, depuis qu’il vit le portrait de Fidel projeté sur le mur le plus blanc du quartier dans lequel il vivait. Il avait alors entre 16 et 17 ans.

Alí chante « Canción para recordarme » et remémore des moments emblématiques de sa vie, ses souvenir les plus profonds et intimes : la première fois qu’il a fait l’amour ; quand il a vu projetée l’image  de Fidel et des barbus (barbudos) dans la Sierra Maestra ; quand il cirait des chaussures, enfant avec une pancarte d’appel à l’écriture illisible. De petites bribes de souvenirs à partir desquelles se crée la structure poétique de la chanson, sans ordre chronologique. 

« Nous avons pris cette même structure et nous l’avons transformée en un film, avec des sauts temporels, non linéaires, comme dans Rayuela de Cortázar. Cela permet au spectateur de se faire son propre jugement sur le film et qu’on aboutisse à une œuvre avec beaucoup de connexions cérébrales, ce qui, qui plus est, rend le film moderne, pour que les jeunes s’intéressent à la vie du chanteur », raconte Yegres.

Selon le réalisateur vénézuélien, il s’agit également d’un film anti-capitaliste. « Alí Primera était un homme extrêmement généreux et qui pensait qu’il fallait placer l’être humain au centre des priorités, de l’éducation, de la santé, de l’art, et pour qui l’argent ne devait pas être le moteur de tout. Une de ses phrases les plus célèbres est : ‘que l’humanité soit plus humaine’ ».

Le lyrisme d’Alí Primera s’assimile à l’expérience du Venezuela, exploitée et exploitante du pétrole. Le concept « le pétrole c’est le progrès » s’entrechoque avec ce que disait Mamá Pancha, la grand-mère d’Alí, sur le fait que celui qui cultive la terre ne mourra pas de faim. « Alí à vécu dans cette Venezuela pétrolière qui a été très soumise à ce qu’on appelle l’exode pétrolier, c’est-à-dire, des familles qui quittaient la campagne pour s’en aller travailler où se trouvait ce liquide. Alí a été victime de cette réalité ». 

Il y a trois ans, Daniel Yegres rêvait de rendre hommage à Alí Primera, qu’il évoque toujours avec dévotion. Il rêvait de faire ce projet à La Havane, une ville qui a marqué à vie Primera ainsi que le réalisateur lui-même. Désormais, le film est une réalité et sa première halte internationale, à la suite d’un succès retentissant dans son pays, est pour le Festival International du Nouveau Ciné Latino-américain. Ce choix n’est pas un hasard : le film montre un Alí fier d’être vénézuélien et latino-américain. 

« Un  Alí internationaliste qui aimait le peuple cubain, nicaraguayen, vietnamien. Un homme généreux, qui donnait de l’amour et qui voulait seulement un monde meilleur ». Il s’est battu pour cela toute sa vie, à travers le militantisme et la musique.  

Le biopic réussit à dépeindre un Alí jovial, joyeux, qui se connecte avec le spectateur et le submerge dans la lutte pour ce monde meilleur dont rêva Bolívar ou encore Martí ; une utopie possible représentée avec la meilleure musique vénézuélienne. 

Source : Alí Primera, el cantor de Venezuela regresa a La Habana, La Jiribilla

https://www.lajiribilla.cu/ali-primera-el-cantor-de-venezuela-regresa-a-la-habana/