La paloma y el lobo
Carlos Lenin | Mexique | 105’ | 2018
Contraints de quitter leur ville à cause de la violence qui l’a submergée, Paloma et Lobo survivent en tentant de s’aimer. Nostalgique, Paloma souhaite revenir chez elle ; enfermé dans un souvenir, Lobo ne peut rentrer.
« L’éblouissante assurance formelle du premier long métrage de Carlos Lenin ne devrait pas faire oublier qu’il s’agit avant tout, résolument, d’un film d’amour; c’est-à-dire d’un film inquiet, sombre et âpre, aux tons de glace et au pas somnambule, brûlant d’un feu intérieur et nimbé d’une douceur que les ténèbres, la violence et la peur tout à la fois menacent et gardent jalousement. »
Antoine Thirion
Carlos Lenin
Cinéaste
mexicain né à Monterrey, Carlos Lenin a obtenu en 2013 son diplôme du CUEC – UNAM (Centro Universitario de Estudios
Cinematográficos), avec une spécialisation en réalisation et image. En
2015, son premier court métrage 24° 51’ Latitud Norte a remporté le
Prix Orona au Festival de Saint-Sébastien.
Cinélatino 2020 : « La Paloma y el Lobo » de Carlos Lenin
21 AVR. 2020
PAR CÉDRIC LÉPIN
ÉDITION : CINÉMAS D’AMÉRIQUE LATINE… ET PLUS ENCORE
« La Paloma y el Lobo » de Carlos Lenin © DR
Film en compétition long métrage de la 32e édition du Festival Cinélatino, Rencontres de Toulouse 2020 : La Paloma y el Lobo de Carlos Lenin
Autour de la difficulté d’aimer dans un monde où l’hyperviolence est omniprésente, Carlos Lenin a souhaité pour son premier long métrage, prolongement direct de son court 24° 51′ Latitud Norte (2015), témoigner du quotidien de son enfance. Le parti pris est ici délibérément sensoriel, la violence restant toujours en hors champ mais ses conséquences étant toujours palpables. L’esthétique contemplative de la composition des plans met en perspective un cadre quasi apocalyptique où les personnages évoluent dans des grands espaces, types entrepôts, laissés à l’abandon, comme si la vie avait déserté, autant que les projections de chacun vers l’avenir. La précarité des conditions de travail se poursuit avec des ouvriers dans la confection textile comme dans le bâtiment, pouvant être renvoyés à la minute même sans aucun recours possible, une femme de la cinquantaine humiliée dans sa sollicitation à trouver un emploi dans une usine… Un train de marchandise traverse régulièrement les plans de manière fantomatique comme s’il n’était conduit par nul être humain. Et au centre de ce récit, un jeune couple arrimé l’un à l’autre pour fuir ce quotidien sordide en se promettant de l’amour sans pour autant pouvoir témoigner cette émotion, notamment du côté du Lobo (littéralement : loup) traumatisé par une violence qu’il porte et le reconduit sans cesse à un événement traumatique passé.
La violence liée aux enjeux de pouvoir du territoire est visible ici sur la destruction des êtres qui errent dans leur quotidien comme des fantômes en quête de leur âme perdue. Carlos Lenin offre une place égale à ses deux protagonistes éponymes, rendant ainsi compte de leurs choix en fonction du genre qui détermine la place de chacun dans la société mexicaine. Même si l’histoire se situe dans un contexte social et politique déterminé au Mexique, les enjeux prennent un élan universel pour questionner l’amour comme force pour lutter contre la désagrégation du monde, la Paloma devenant littéralement la colombe de la paix tandis que le Lobo est un loup issu d’un monde en guerre en quête d’un monde intérieur apaisé.
La Paloma y el Lobo
de Carlos Lenin
Fiction
108 minutes. Mexique, 2019.
Couleur
Langue originale : espagnol
Avec : Paloma Petra (Paloma), Armando Hernandez (Lobo), Mónica del Carmen (Vanessa), Pablo Mendoza (Diablo), Lucero Cardoza (Pata), Gabriela Velarde
Scénario : Jorge Guerrero, Carlos Lenin
Images : Diego Tenorio
Montage : Alicia Segovia, Carlos Lenin
Son : David Muñoz
Sound designer : Alejandro Ramirez
Production : National School of Cinematographic Arts – UNAM
Coproduction : Fondo para la Producción Cinematográfica de Calidad
Producteur : Miguel Ángel Sánchez M.
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Source : Médiapart