Infierno grande
Alberto Romero | Argentine | 75’ | 2019
María est enseignante dans une petite ville de La Pampa. Elle est sur le point d’être mère et a décidé d’abandonner son mari, Lionel, un politicien local violent, pour élever son fils dans de meilleures conditions. Un tir de nuit précipite son évasion et la projette dans un voyage vers Naicó, la ville de son enfance. Pendant ce voyage vers le passé, elle rencontre des personnages étranges qui peuplent cette région déserte. Cette fiction est une fable poétique sur la nature, la maternité, l’émancipation et la violence; au cœur des déserts mystérieux du centre de l’Argentine.
Alberto Romero
Scénariste, réalisateur et producteur, Alberto Romero est actif au sein de Puente Films et Zebra Cine. Polyvalent, il a également écrit, réalisé et composé la musique originale du documentaire Own Meat. Réalisateur du long métrage Infierno Grande (2019), lauréat du prix du public au Festival du film occidental d'Almeria (AWFF), il a actuellement trois projets en cours de développement: en tant que réalisateur, le documentaire "The Axe" et en tant que producteur "The Agronomist", de Martin Turnes, et "The Walkers of the Street", de Juan Martín Hsu.
Projeté au sein de notre festival le 10 mai 2020, jour de la fête de mères en Argentine, ce conte doux et poétique est un bel hommage à la force féminine, incarnée par Maria, une femme enceinte en fuite. Le titre, « Infierno grande » vient de l’adage Espagnol, « pueblo chico, infierno grande », littéralement « plus le village est petit, plus l’enfer est grand ».
L’histoire, racontée en voix off par le fils, nous projette dans un voyage vers Naicó, la ville d’enfance de Maria. Pendant ce voyage vers le passé, elle rencontre des personnages étranges qui peuplent cette région désertique. Cette fiction est une fable poétique sur la nature, la maternité, l’émancipation et la violence ; au cœur des déserts mystérieux de la Pampa. La violence de genre est apaisée par la certitude absolue que les fantômes, les ombres fantastiques de Naico seront toujours présents auprès de Maria. Nous gardons en mémoire le regard de cette femme. La terreur, la détermination, le courage. Le regard d’une bête traquée, la beauté sombre de l’effroi, mêlé de dignité. L’influence Western.
Le film a reçu le prix du meilleur scénario au festival Nuevas Miradas de La Havane. Et nous avons été conquis, nous aussi, par ce savoureux mélange de fiction et de réalité, ce plongeon dans l’onirique pour aborder des thèmes aussi puissants que la violence de genre et l’émancipation. Les images de la pampa sont sublimes, l’aridité des lieux soulignant avec justesse ce mélange de force et de fragilité qui caractérise le personnage de Maria.
Alberto Romero a commencé à l’écrire en 2013, époque où les grandes revendications féministes actuelles et les vagues de dénonciations de violences de genres n’avaient pas encore la même force qu’aujourd’hui..
Il souhaitait filmer la pampa, terre de sa famille, et rendre compte de l’inhospitalité de ses lieux, arides et sauvages. Le film est né de cet espace et la figure de la femme enceinte, à la fois vulnérable et protectrice s’est imposée d’elle même. Alberto Romero observe les lieux pour trouver des histoires. Il s’imprègne des dynamiques sociales et laisse surgir ses personnages. De ce fait, espaces et figures s’enrichissent et se construisent mutuellement. Ici, dans ce petit village d’Argentine, la violence constatée est crue, du fait de la démographie, les habitants sont plus exposés aux dynamiques de pouvoirs et cela se ressent fortement dans le film. La société et les paysages sont une même entité acrimonieuse et oppressante pour Maria. On retrouve dans ses personnages archétypes (commissaire, politiciens, curé, enfant, professeur…) toute la structure institutionnelle du village puisque c’est toute la société qui empêche Maria d’être libre.
Alberto Romero se dit beaucoup influencé par la BD des années 70/80 pour la construction des entités fantastiques.
Le personnage de l’indien vient d’une légende d’un village de la pampa au 19eme, en très forte relation avec la culture hispano-européenne du premier gouverneur d’argentine. C’est la raison pour laquelle l’Indien boit le thé avec cette tasse, sorte de rituel culturel.
Une partie des légendes viennent de la culture ranquel, bien qu’Alberto se soit réapproprié des éléments pour les mélanger et les déplacer géographiquement. Naico signifie “source salée”. Elle a été désertée lorsque la ligne de chemin de fer à été abandonnée. Le parallèle entre la légende indigène et la capitulation progressive du progrès occidental renforce le pouvoir mystique du village.
Le mot désert est très connoté en Argentine puisque les deux campagnes d’exterminations indigènes en Argentine portent son nom. Les déserts ne sont pas des lieux inhabités, ce sont des lieux sauvages.
Face au troublant contraste d’ambiance entre la légèreté du conte onirique et le poids de l’institution et du mari, le rôle de l’indien est à la fois de protéger, guider, responsabiliser et reconnecter Maria à sa source profonde. L’indien incarne la liberté et l’émancipation à travers son appartenance à un peuple qui s’est battu pour sa dignité. Le personnage parle d’un esprit guerrier, et espère la naissance d’un bon guerrier. L’enfant, lui, incarne à la fois innocence, état sauvage et animalité. Pour Alberto Romero, les habitants de la pampa sont un peu de ce beau mélange.
On voit beaucoup de calden dans ses paysages, ces arbres si dure et si résistant. Ils mettent une dizaine d’années à atteindre 1m50 mais sont solides et épineux. On dit que le cœur des gens de la Pampa est comme le fruit du calden, en forme de gousse de petit pois. Sans doute peut-on trouver ici une métaphore de la force et de la résistance de Maria. De la même façon, bien que ce ne soit pas un choix explicite du réalisateur, on retrouve beaucoup de signification judéo-chrétienne autour du prénom Maria et de l’enfantement.
Bien qu’Alberto ne ce soit pas inspiré de Pedro panama, le célèbre roman de Juan Rulfo, il reconnait que nous puissions y trouver de nombreux parallèles. Il se dit plus proche de Cesar Aira, écrivain Argentin proposant toujours des personnages indigènes très intelligents.
Alberto Romero à eu beaucoup de plaisir à utiliser et imbriquer les codes du western et des road movie dans un lieu décalé, la pampa. C’est un des éléments qui fait, à ses yeux, l’originalité du film. Ces sources d’inspiration sont surtout John Ford et les westerns spaghettis de Sergio Leone. Il se trouve également des affinités avec Leonardo Fabio chez qui nous observons le même biais fantastique et poétique pour aborder des thématiques sociales.
Cet homme, Lionel, qui ne meurt jamais, nous a évoqué le méchant à la force indestructible de No country for old men des frères Cohen. Ces réalisateurs partagent avec Alberto le goût pour les terres arides, dures, inhospitalières et celui pour l’absurde, le traitement humoristique de l’espace. Il y a une vraie animalité dans Infierno grande, souligné par la manière dont l’enfant de Maria et Lionel raconte l’histoire comme une partie de chasse. Du fait qu’il soit le narrateur on sait qu’il va vivre. Mais ce qui est important ici, comme dans un western, ce n’est pas l’intrigue, c’est comment les choses vont se dérouler. On sait également que Lionel va mourir mais ce qui nous tient en haleine c’est le chemin, la façon dont il va finir.
Le film a des parallèles avec Una sombra ya pronto serás, un roman de Osvaldo Soriano adapté à l’écran par Hector Olivera.
Il n’y a pas eu, ici de travail symbolique autour des yeux ou du regard. Il n’y a pas la volonté du réalisateur de montrer par construction métaphorique des états de Maria. Cependant, il y a un rapport au regard typique du western, dans lequel on retrouve parfois des scènes longues ou l’on ne voit que les yeux qui nous révèlent la profondeur de la vengeance, de la nostalgie… Alberto souligne également que, dans la Pampa, où que l’on pose ses yeux, il n’y a pas de limites. Ce rapport à l’infini donne aux gens une autre façon de regarder, une autre lumière. Cela donne sans doute une autre densité aux personnages.
En Argentine la violence de genre est un thème compliqué. Le gouvernement actuel d’Alberto Fernandez a créé un ministère dédié aux violences de genre et aux droits de la femme. Cependant, à chaque nouvelle élection il y a risque d’anéantissement des choix politiques précédents donc ces avancées sont loin d’être des acquis. La femme argentine va vers son émancipation comme toutes les femmes du monde. Mais le combat est long, aujourd’hui encore l’avortement en argentine n’est pas légal et les avortements par des réseaux clandestins causent encore plus de 500 000 décès annuels (cf : Que sea ley). Il faut mener un véritable combat culturel pour déconstruire comportements, concepts et habitudes. C’est une lutte qui doit être menée à la fois par la société mais aussi par les hommes et les femmes. Ces changements sont difficiles car il faut être attentif et conscient au quotidien pour ce défaire de nos ancrages de genre.
Le film ne raconte pas l’histoire d’une connaissance d’Alberto Romero. Celui-ci nous a confié que sa mère essaie toujours de le psychanalyser à travers ses films mais il préfère chercher observer les autres pour créer car il trouve cela plus intéressant. Ainsi ses créations ne sont pas des auto-analyses mais bien des histoires, des mondes qu’il s’imagine.
ENTREVISTA A ALBERTO ROMERO, DIRECTOR DE INFIERNO GRANDE “UN PUEBLO FANTASMA ES UN PUEBLO LLENO DE CUENTOS”
Tuvimos la oportunidad de dialogar con el director de Infierno Grande, reciente estreno y segunda película del director Alberto Romero. Nos contó de dónde surgieron las ideas que derivaron en esta película y porqué rodar en un pueblito fantasma del medio de La Pampa.
¿Cómo surge Infierno Grande?
ALBERTO ROMERO: La verdad es que nunca vivo momentos de iluminación. Las películas se me van armando en capas, con elementos dispersos que sospecho que pueden ir funcionando juntos, hasta que un día digo “buenísimo, ¡acá se puede arrancar!”. Infierno grande surgió así: primero, las ganas de filmar en La Pampa, tierra de mi infancia (no soy pampeano pero mi familia es de allá). Siempre me pareció que faltaban películas pampeanas y, conociendo sus paisajes y sus historias, no lo podía creer.
En segundo lugar, tenía la intuición de que estaban faltando historias sobre mujeres. Una película lleva años de proceso, y los primeros bosquejos de Infierno grande surgieron en 2013, un momento en el que el movimiento feminista se comenzaba a gestar y la violencia de género no era aún un tema instalado. Evidentemente había algo en el aire. Finalmente, como tercer elemento que terminó de armar ese sistema que podía poner a andar, aparecieron referencias estéticas de mi infancia: el comic argentino de los 70 y 80 (la revista Fierro especialmente), el western, y cierto cine de aventuras medio bastardo que se podía ver los sábados en la TV. Así surgió esta película, juntando intuiciones y poniéndolas a andar juntas.
¿Conocías Naicó (lugar donde se desarrolla la historia) antes de idear la película?
ALBERTO ROMERO: Antes de conocer Naicó conocí todo el paisaje que lo rodea. De nuevo, quería filmar ese paisaje, y metiéndome un poco, viajando, encontré eso: un pueblo fantasma. Naicó es un pueblo con muchísimas historias, muy diversas, algunas de las cuales son narradas por los personajes. Muchas otras quedaron afuera. Naicó formaba parte como de una suerte de frontera de los territorios originarios. A unos 300 km de ahí están las Salinas Grandes, capital de la nación Mapuche y hogar del Cacique Calfulcurá. Imaginate si hay historias ahí.
¿Cómo fue filmar en un pueblo fantasma?
Fue hermoso. Uno percibe todo lo que pudo haber pasado y todo lo que no pasó más que en los relatos de los locales. Un pueblo fantasma es un pueblo lleno de cuentos.
El western como género atraviesa escenas troncales en la historia. ¿Cuáles son tus films favoritos?
Me gustan mucho las películas de Sergio Leone. Me gustan los hermanos Cohen. Creo que True Grit es el verdadero western contemporáneo, al que podríamos sumar Logan, ese raro spin off de X-Men que articula todos los guiños del género pero dándole una vuelta de tuerca por el lado de los super poderes. Me gusta mucho, aunque está un poco más alejado del western, la manera de trabajar la pampa húmeda que tiene Mariano Llinás en Historias Extraordinarias. Ahí logra darle a ese espacio un espíritu de frontera en el que todo es posible, como ocurre en esos desiertos en los que transcurren los mejores westerns. Me cuesta encontrar en otras películas referencias para las mías, siento que ese ejercicio termina siendo un poco endogámico en términos estéticos. Me da la impresión de que siempre me estoy nutriendo de otras artes. Como dije, la historieta de los 70 y 80, la revista Fierro, El Eternauta, Alvar Mayor, El último recreo. También leí mucha ciencia ficción toda mi vida. Mis padres son científicos, y era la literatura que más consumían. En mi casa estaba la colección azul de Hyspamérica completa.
Todo el universo creado en la película ronda lo fantasioso y los cuentos tradicionales. ¿ Cómo y cuándo lo creaste?
Lo fui creando en todo momento. Lo imaginé en el guión, le fui sumando elementos que fui descubriendo en mis viajes por La Pampa, y otros elementos que fui investigando desde una perspectiva más histórica. Escribí los diálogos pensando en la intriga, en la evocación de universos fantásticos, y en la construcción de atmósferas enrarecidas. Luego, en el rodaje y en la posproducción fueron apareciendo elementos más concretos. ¿Cómo iba a lucir cada personaje para reflejar ese universo? ¿Cómo podíamos sugerir determinado clima mediante el montaje, el sonido y la música? Son todas construcciones artificiosas que fuimos apuntalando en todas las etapas. Cada momento fue sumando elementos que finalmente construyen esa atmósfera enrarecida en la que navega la película.
Por lo que se ve durante la película parece haber espacio para una secuela. ¿Lo pensaste?
La verdad que no. Siento que el final (no lo voy a contar, por supuesto), es bien terminante. El otro día charlando con Guadalupe (Docampos) sobre ese final, me dijo algo interesantísimo. Charlábamos sobre el lugar extraño de ponerse a narrar una historia femenina y feminista, siendo un hombre. Ella me lo dijo bien clarito: el final que planteaste es un final masculino (no machista, masculino), una solución masculina a un problema femenino. Me dejó con la boca abierta. Hizo una lectura impecable de la fenomenología de esta película. Seguramente esta película, rodada por una mujer, aún manteniendo el mismo discurso, sería una película muy distinta. Y no, no veo posible una secuela porque sería romper con esa imagen fantasmal del final, para lo que necesitaría reinterpretarla en un sentido narrativo y con eso arruinaría toda la película.
¿Qué opinión te merecen la gestión del INCAA de los últimos años?
La gestión actual del INCAA es de las peores que ha tenido. El Instituto atraviesa un momento pésimo, que pone al cine argentino en una instancia de catástrofe. Yo pienso que hay una manifiesta intención de terminar con el cine argentino. De matarlo, de enterrarlo y que no exista más. De otro modo no se explica que, existiendo los fondos, se practique una subejecución de setecientos millones de pesos que duermen en un plazo fijo esperando a que estiremos la pata. Mientras, las películas mueren, las productoras se funden y los trabajadores no trabajan.
Por otro lado se manejan con un nivel de ilegalidad que roza lo obsceno. Hace poco (Ralph) Haiek decidió elevar el presupuesto del INCAA al Ministerio de Hacienda sin pasar por el consejo asesor, órgano del INCAA que tiene como tarea fiscalizar las cuentas y aprobar o desaprobar los presupuestos. La excusa es que no hay consejo asesor nombrado, y la razón por la que no se nombra es porque Haiek no quiere firmar su designación. Es un ejemplo de lo que está pasando, que se expresa en muchas otras áreas de nuestra actividad. Ni empiezo a hablar de los problemas de la distribución y exhibición (que estamos sufriendo ahora con Infierno grande) porque esta entrevista se va a hacer muy larga. En resumen, el INCAA está muy mal, el cine argentino lo sufre mucho, sobre todo el independiente, y de seguir así vamos a la desaparición de nuestro cine.
¿Qué reflexión te merece una problemática como la violencia de género?
Creo que entre lo que dije en la respuesta anterior y lo que se ve en la película ya hay bastante. Es una película con una mirada feminista, pero realizada por un hombre (criado bajo un paradigma machista). Y creo que la complejidad de esas variables le dan algo que puede ser interesante. Creo que estamos frente al comienzo de algo muy importante que promete derribar un paradigma de nuestra civilización arraigado y construido durante milenios, y lo que veo más estimulante es que esa transformación ocurre a una velocidad increíble. Creo que, como dicen, se va a caer, y muy pronto.
Para más información de la película pueden ingresar en su pagina de Instagram y facebook
Un retour interactif proposé par l’ONU, disponible en français, espagnol et anglais, sur les dates clés de l’histoire mondiale des droits des femmes.
https://interactive.unwomen.org/multimedia/timeline/womenunite/fr/index.html#/1980
¿Quién mató a Mariano Ferreyra? [2013], co-scénariste
Présenté en 2013 aux 30èmes rencontres avec le cinéma latino américain de FAL 33
Docudrame qui retrace l’assassinat d’un jeune militant d’extrême gauche par des matons du syndicat corrompu des employés des chemins de fer. Le film porte à l’écran le témoignage du journaliste Diego Rojas.
Le titre est un hommage à Rodolfo Walch, journaliste, écrivain, militant engagé dans la lutte contre la dictature. Il invente le journalisme d’investigation en Argentine et publie, entre autres, Quién mató a Rosendo, une enquête sur le crime atroce de trois travailleurs qui meurent aux mains de syndicalistes péronistes mafieux. En 1977, il publie Lettre ouverte d’un écrivain à la Junte Militaire ; quelques mois après il est assassiné sauvagement par des sbires de la dictature.
Carne propia [2017] https://www.puentefilms.com.ar/carnepropiafilm
Un vieux taureau que l’on conduit à l’abattoir, en voix off, passe en revue un siècle de tensions entre les travailleurs de l’industrie de la viande et des grands patrons, jusqu’à l’histoire de « Corned Beef », le plus grand entrepôt de viande bovine d’Amérique latine, récupéré par les travailleurs.
Films prochains: https://www.puentefilms.com.ar/proyectos
EL HACHA Dir. Alberto Romero | Largometraje | Argentina
ENSEGUIDA VUELVO Dir. Alberto Romero | Largometraje | Ficción | Argentina
Rodolfo Walsh : Pour qui travaillent les intellectuels ? Connaissez Rodolfo Walsh ? Ramón Pedregal Casanova.
Rebelion, 1er juin 2007.
Il est fort possible que beaucoup de lecteurs ignorent qui fut Rodolfo Walsh. Je suis à peu près sûr que la plupart des gens qui lisent ne connaissent pas son ouvre littéraire emblématique « Opération Massacre ». Ce dont je suis sûr c’est qu’en Espagne les éditeurs gardent leurs distances à son encontre.
Pourtant, un écrivain comme Rodolfo Walsh, considéré comme un des plus grands d’Amérique du Sud, serait une bonne affaire pour n’importe quel vendeur de livres, mais voilà . le problème c’est que l’ouvre de Rodolfo Walsh enseigne aux lecteurs ce que les multinationales du papier imprimé ne veulent pas qu’ils sachent.
Rodolfo Walsh était journaliste et écrivain et il ne perdit pas une minute et il ne la leur fit pas perdre aux autres. Il investit ses énergies créatrices dans un travail susceptible d’agrandir chez les travailleurs leur capacité de comprendre la réalité. Les non-travailleurs savent et font déjà ce qui les intéresse.
Avez-vous entendu un membre quelconque d’un gouvernement ou bien quelque industriel déclarer ce que Rodolfo Walsh écrivit le 1º mai 1968 dans son « Message au peuple d’Argentine » ? : « Le camp de l’intellectuel c’est la conscience, par définition, oui, la conscience. Un intellectuel qui ne comprend pas ce qui se passe à son époque et dans son pays est une contradiction ambulante et celui qui le comprend mais qui n’agit pas, celui-là il aura une place dans l’anthologie des lamentations, mais non dans l’anthologie vivante de son pays ».
Rodolfo Walsh fut un des fondateurs de l’Agence de Nouvelles Clandestines (ANCLA) dans laquelle il travaillait pour faire connaître ce que les militaires et leurs collaborateurs faisaient. : les disparitions, les exécutions, les tortures que ses recherches révélaient, les accusations de militaires et de policiers comme bras armés de la Dictature. ce fut pour lui un travail permanent.
Ses enquêtes de journaliste ont pour titres : « Opération Massacre », » Affaire Satanowsky « , « Qui a tué Rosendo ? ». Il a aussi écrit des pièces de théâtre comme « La bataille », « La grenade », (une satire des militaires et du pouvoir en Argentine) et des récits comme ceux qui ont été réunis dans le volume « Les Irlandais » que vous pouvez trouver aux éditions El Aleph.
Il a été un défenseur de la révolution cubaine et il s’est appliqué à cette tâche avec toutes ses facultés intellectuelles. C’est lui qui décoda les messages codés que la CIA des Etats-Unis et ses mercenaires s’échangeaient lorsqu’ils préparaient l’invasion de la Baie des Cochons. Le travail de Rodolfo Walsh a permis aux révolutionnaires libérateurs de savoir quand ?, par où ? et comment ? les hordes fascistes allaient débarquer et de leur préparer l’accueil qui convenait.
La question : « Pour qui travaillent les intellectuels ? » aurait-il dû la poser plus tôt ? Puis-je la poser maintenant ?
Rodolfo Walsh avait compris que sa capacité intellectuelle devait servir pour produire de la réflexion et des changements sociaux profonds en faveur des classes laborieuses ; la valeur de son travail intellectuel, il en fit don à la cause de la justice et comme exemple de son choix il nous a laissé la marque de son engagement dans la lutte contre l’impérialisme ; il a assisté en tant que journaliste au conflit de 1974 qui continue encore dans la plus tragique et pleine actualité : l’invasion sioniste de la Palestine et la résistance du peuple palestinien.
Au mois de mai 1974, Rodolfo Walsh se trouvait à Beyrouth après un bombardement par les Israéliens de la population et il interrogea les gens dans la rue et les dirigeants de la Résistance palestinienne. L’enquête qu’il mena alors éveille le plus grand intérêt chez tout lecteur d’aujourd’hui et il a été publié dans le journal argentin « Noticias » en juin de cette année-là . Aujourd’hui, ce document est disponible intégralement sur Internet à l’adresse suivante : www.nacionapache.com.ar
Je cite quelques lignes du début :
– « .
– Comment t’appelles-tu ?
– Zaki
– Quel âge as-tu ?
– Sept ans.
– Est-ce que ton père vit encore ?
– Il est mort.
– Que faisait ton père ?
– Il était fédayin.
– Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand ?
– Fédayin.
Ce garçon blond aux cheveux coupés ras et vêtu d’un uniforme rayé qui répond ainsi, dans une école pour orphelins, au sud de Beyrouth, au Liban, résume la meilleure alternative qui, après 26 années de frustrations, reste à trois millions de Palestiniens dépouillés de leur patrie : devenir des fédayins, des combattants de la Révolution Palestinienne.
« Des Palestiniens ? J’ignore ce que c’est » déclara un jour l’ex Premier Ministre d’Israël, Golda Meir.
On connaît l’efficacité de l’argument, déjà utilisé en Algérie, au Viet Nam, dans les colonies portugaises, pour nier l’existence des mouvements de libération. « moudjahidine » connais pas. « Liberation Front ? » never heard of it. » FRELIMO ? » nao conhece «
L’ennemi n’existe pas et tout est en ordre. Chacune de ces dénégations a fait courir un fleuve de sang, mais n’a pas arrêté le cours de l’Histoire.
Rodolfo Walsh a laissé écrite sa dernière accusation des militaires putschistes sous le titre : « Lettre Ouverte de Rodolfo Walsh à la Junte Militaire ». Elle est datée du 24 mars 1977.
Le lendemain, un commando de 14 assassins dont les noms et prénoms ainsi que leurs grades dans l’armée et la police sont connus, lui tendit une embuscade et ils le criblèrent de balles en pleine rue. Après, ils ont emporté son corps et ils l’ont fait disparaître comme ils ont fait avec des milliers d’autres Argentins.
« Lettre Ouverte. » commençait ainsi :
« 1. – La censure de la presse, la persécution des intellectuels, le saccage de ma maison de Tigre, l’assassinat de mes amis les plus chers et la perte d’une fille morte en vous combattant, tels sont quelques-uns des faits qui m’obligent à opter pour cette forme d’expression clandestine après avoir pensé librement en tant qu’écrivain et journaliste pendant presque trente ans. »
Continuez de la lire sur Internet : www.literatura.org
Connaissez Rodolfo Walsh. La Justice et la Mémoire Historique, deux concepts inséparables, grandissent avec lui.
Ramón Pedregal Casanova
Source : Rebelion www.rebelion.org
Traduction : Manuel Colinas
Transmis par Cuba Solidarity Project
ENTREVISTA A ALBERTO ROMERO, DIRECTOR DE CARNE PROPIA
Alberto Romero es uno de los cineastas de la productora Puente Films, usina de documentales de gran nivel. Carne Propia fue dirigido por él, y en esta entrevista nos cuenta los pormenores de este film que no deja a nadie indiferente.
Formás parte de Puente Films, que viene dando una serie de documentales, como ¿Quién Mató a Mariano Ferreyra? y Pichuco. ¿Cómo surgió la idea de hacer Carne Propia?
En Puente Films trabajamos de manera muy colectiva. Todos somos directores pero participamos de los proyectos de los demás desde otros roles, cada uno aportando desde su especialidad o talento. En mi caso es el guión, y colaboré desde ahí en las películas de mis amigos Martín Turnes y Ale Rath, cosa que sigo haciendo en sus nuevos proyectos.
En esta dinámica, cada uno trae su proyecto y entre todos le vamos dando forma. Es decir, el germen de cada película aparece en una cabeza, y luego se multiplica en las de todos, adoptando las perspectivas específicas de la especialidad de cada uno.
Carne Propia surge de la observación de un universo que me es muy familiar. Mi familia es de la provincia de La Pampa, una provincia con una influencia grande del universo de la ganadería. Desde chico vi y viví ese mundo. Mientras todos mis compañeros de escuela contaban sus vacaciones en las sierras o en la playa, yo contaba anécdotas con caballos, vacas, chanchos y tanques australianos. Este proyecto fue, inicialmente, una novela, que por diversos motivos se fue transformando en un documental. Lo que sobrevive de aquella novela inconclusa es la voz de ese toro, con sus ínfulas de aristócrata y su ideología conservadora.
El narrador del documental es un toro que conoció épocas de gloria. ¿Cómo fue trabajar con los toros? Sé que usaron más de uno.
El trabajo más difícil en relación al toro fue conseguirlo. Necesitábamos algo muy específico. Un toro viejo, Aberdeen-angus, colorado (porque da mejor en cámara), que el dueño estuviera decidido a mandarlo “al gancho”, y que aceptara a un grupo de cineastas merodeando en su campo. Además, después teníamos que filmarlo en el camión y hacer todo el recorrido hasta el frigorífico. Una propuesta delirante del guionista (yo) que el director (yo) tuvo que ver cómo resolver. Por suerte dimos con una familia de transportistas del norte de La Pampa que no solo nos dejaron filmar en el camión, sino que además nos proveyeron el toro.
Pudimos así seguirlo en todo el recorrido, hasta que llegamos al mercado de Liniers. Allí pasamos la noche en nuestro motorhome, rodeados de camiones jaula con vaquitas que esperaban a ser pesadas y vendidas al otro día. Nos levantamos muy temprano, con el comienzo de los remates, y cuando vamos a ver a nuestro toro, el consignatario nos avisa que había sido vendido a un frigorífico que no era el que nosotros teníamos listo para terminar el recorrido. Nos despedimos de nuestro toro y nos fuimos, sin saber cómo íbamos a terminar la película.
Por suerte dimos con los compañeros de SUBPGA, la cooperativa frigorífica que constituye el último capítulo de la película, que nos propusieron conseguir otro Aberdeen-angus colorado parecido al nuestro. Un día nos llaman y nos dicen “tenemos al toro”. Cuando llegamos, fuimos a los corrales y vimos al toro suplente… era negro! Y era muy salvaje, imposible de dirigir, muy distinto a nuestro toro-actor original que era un caballero sereno y distinguido. Otra vez nos fuimos llenos de incertidumbre, pero al poco tiempo los compañeros de SUBPGA nos consiguieron a este otro toro que, si bien es bastante distinto, cumple su rol con solvencia. Hay algún chiste en la película que se hace cargo de este cambio de actor, pero algunos espectadores me han dicho que no lo notan, otros que ese cambio suma, porque el segundo toro, el del final, parece más flaco y abatido, cerca de su muerte.
¿Cómo dieron con Arnaldo André para la voz del toro narrador?
Discutiendo entre todos, Ale Rath mencionó a Arnaldo. Fue una propuesta inesperada, y a la vez un enorme acierto. Arnaldo sintetiza muy bien todo lo que este personaje necesitaba: una voz profunda, con mucho cuerpo, una cualidad algo melodramática para atravesar los momentos más poéticos del texto, y sobre todo una capacidad de interpretación. El toro no es un mero narrador, es un personaje, y requiere una construcción más allá de lo dicho, de las palabras. Importan los tonos, las pausas, las intensidades.
El documental tiene un tono muy interesante: el tema es serio, pero la cuota de humor lo convierte en algo menos solemne. ¿Cómo hicieron para conseguir ese tono?
El elemento humorístico en esta película lo juega este personaje-narrador del toro, que está planteado de por sí desde un absurdo: es un animal, y tiene unos modos muy refinados e ideas conservadoras. Es como gentleman un poco patético, un lord con agujeros en los bolsillos, una especie de tío viejo al que uno deja hablar porque sabe que no le queda mucho. Y eso genera una especie de empatía a la vez que su discurso, como progres bienpensantes que somos, nos horroriza.
¿Cuánto tiempo les llevó hacer el documental, desde la preproducción hasta su primera exhibición?
Empecé a escribir el guión de Carne Propia en febrero de 2014. Lo presenté a la vía de documental digital del INCAA, esperé todo lo que hay que esperar (los tiempos del INCAA son largos), y para noviembre de ese año estábamos filmando. Rodamos durante todo 2015 en diferentes etapas, según se iban desarrollando las historias y se abrían las posibilidades de concretar todos nuestros objetivos delirantes, y hacia fines de ese año ya tuvimos un primer corte. Luego, durante todo 2016 recorrimos algunos festivales, y ahora llega a todo el público en el cine Gaumont, para luego continuar por las salas de las provincias. Parece un recorrido largo, pero no lo es tanto. Infierno Grande, mi próxima película, una ficción, arrancó en 2012 (las primeras ideas) y recién voy a rodarla a comienzos del año que viene. La vía digital es una conquista de los documentalistas que tiene, entre otras muchas ventajas, la inmediatez y el amplio acceso a la producción, en comparación con otras vías. Además, es la que permite mayores libertades en cuanto a la experimentación en las formas y en los procesos de producción. Además de estar en DOCA, formo parte del Colectivo de Cineastas, un grupo de cineastas (directores, productores, técnicos, críticos), desde el que buscamos impulsar la existencia de una vía como la del documental digital pero para la ficción.
La película viene de pasar por buen número de festivales. ¿Cómo fue la recepción del público?
La recepción en general fue muy buena, inclusive en los festivales internacionales. Tratándose de una película con temas tan locales, siempre pensé que el recorrido iba a ser mucho más difícil afuera. Pero anduvo bastante bien, pudimos estar en el Festival des Films du Mond, de Montreal, y en el Festival de Cine Latino de San Diego y algunos otros. En todos hubo risas y expresiones de indignación con algunas cosas de las que decía el toro. Una linda sorpresa, dado que el humor es uno de los lenguajes más intraducibles de cualquier cultura.
Sé que tienen próximos proyectos en carpeta. ¿Qué se puede contar al respecto?
Lo más inmediato es Finito, película de Ale Rath que escribimos juntos. Es una historia bastante autobiográfica de él, sobre la muerte, la religión y el marxismo. Estamos empezando la preproducción y suponemos que estará lista para fin de año.
Luego viene Infierno Grande, una roadmovie mía que narra la historia de una maestra de pueblo de la provincia de La Pampa que, embarazada de 8 meses, escapa de su marido golpeador por los remotos desiertos pampeanos. Tiene también una voz en off particular, que es la del hijo que ella lleva en la panza, unos años después, contando la historia de su nacimiento. Una historia dura, pero que conserva algunos elementos del humor que me gusta trabajar.
Tenemos también Una Noche Solos, un corto de Martín Turnes que escribimos juntos y que ganó el último Historias Breves; y otros proyectos más de él y de Juan Martín Hsu que están en etapas más tempranas de desarrollo.
© Matías Orta, 2017 | [email protected] | @matiasorta
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