Matar a todos
Esteban Schroeder | Uruguay | 97 ’ | 2014
1993 en Uruguay, une juge enquête sur l’étrange disparition d’un chimiste de la police secrète de Pinochet. Avec l’aide d’un journaliste, elle tente de faire éclater la vérité. Suivant la trame d’un thriller politique, le film relate la monstruosité de l’opération Condor, organisée à la fin des années 1970 par six dictatures d’Amérique latine afin d’éliminer les opposants et les militants de gauche.
Esteban Schroeder
Réalisateur et producteur, directeur de l'école de cinéma de l'université ARCIS.
Article « La RED21 » , Le film uruguayen « Matar a todos », sur l’affaire Berríos, fait sensation à San Sebastian, Jeudi 27 septembre 2007
« Je parle d’une révision du passé pour regarder vers l’avenir », a déclaré le réalisateur lors d’une conférence de presse après la projection du film dans la section « compétition officielle » du 55e Festival international du film de Saint-Sébastien, qui se déroule jusqu’à samedi.
« Le concept de ‘la vérité blesse, mais elle guérit’ que donne l’un des personnages est une idée implicite de l’avenir », a déclaré Schroeder, dont le film est basé sur le fameux plan Condor, orchestré par plusieurs dictatures d’Amérique latine pour faire disparaître les opposants. « Matar a todos » raconte l’histoire de Julia (Roxana Blanco), assistante d’un juge uruguayen qui tente de découvrir ce qui se cache derrière la disparition d’un homme nommé Berríos, qui s’était rendu à la police pour signaler qu’on voulait le tuer.
À mesure qu’elle progresse dans l’affaire, Julia se rend compte que la police elle-même a fait disparaître toutes les preuves concernant cet homme, qui s’avère être un biochimiste ayant secrètement travaillé pour Pinochet, et que les militaires uruguayens, notamment son père, le général Gudari, et son frère, Ivan, tentent de l’empêcher d’avancer.
Le film recrée le cas d’Eugenio Berríos, chimiste à la DINA, la redoutable police politique de Pinochet, qui a été assassiné en 1993 en Uruguay pour l’empêcher de témoigner dans un procès pour l’assassinat à Washington de l’ancien ministre de la défense chilien Orlando Letelier.
« Le défit de ce film a été de trouver la limite entre la fiction et la réalité afin que le résultat soit le plus juste possible », a déclaré Schroeder, qui a décidé de faire de son film un thriller pour donner à son histoire une plus grande universalité.
« Le film vise à transcender la frontière des victimes et des protagonistes, c’est-à-dire que le genre du thriller propose d’universaliser ces histoires » afin que le spectateur puisse aborder cette période de l’histoire de l’Amérique latine d’une manière différente, a déclaré Schroeder.
Le réalisateur uruguayen reconnaît que ce film est aussi « un acte de guérison individuelle ». « J’ai connu l’emprisonnement politique et la mort de personnes très proches de moi en raison des pires circonstances de l’histoire politique récente du Cône Sud », dit-il.
Pour cette catharsis, Schroeder a compté sur un casting riche : des acteurs argentins, uruguayens et chiliens tels que Roxana Blanco, Claudio Arredondo, Darío Grandinetti, César Troncoso et Walter Reyno sont au rendez-vous.
Blanco se souvient que pour entrer dans la peau de Julia, elle a d’abord essayé de parler aux juges et de se rapprocher de l’affaire Berrío. Mais ensuite, « j’ai réalisé que je préférais aller vers l’intérieur », car les problèmes de Julia sont plus « familiers, c’est une histoire plus personnelle, une histoire de guérison personnelle, qui est en dehors des conflits de la société ».
Malgré le thème qu’il propose pour son film, Schroeder a assuré qu’il n’avait eu aucun problème à tourner le film, mais qu’au contraire, le film a pu être réalisé grâce au financement rendu possible par l’obtention de plusieurs prix « qui parlent d’un cadre historique complètement différent (en référence à la démocratie). Aujourd’hui, la révision historique est une possibilité.
Traduit de l’article en espagnol : https://www.lr21.com.uy/cultura/276713-la-pelicula-uruguaya-matar-a-todos-sobre-el-caso-berrios-impacta-en-san-sebastian