Veinte años después
Anaïs Taracena | 52′ | 2017 | Guatemala
En 1996, la paix a été signée au Guatemala, laissant derrière elle plus de trois décennies de guerre civile. Dans le cadre de ces accords, des milliers de guérilleros ont déposé les armes, laissant ainsi place à avenir incertain.
Aujourd’hui, 20 ans après l’échec des accords de paix, le souvenir du mouvement révolutionnaire s’est effacé dans le silence. Où sont ces ex-combattants ?
"Un documentaire critique qui appelle à réfléchir au prix de la paix"
La réalisatrice
Anaïs Taracena
Anaïs Taracena (Guatemala) est une documentariste, réalisatrice, scénariste, productrice et éditrice Guatémaltèque. Diplômée d’un Master en sciences politiques et sociologie, elle a développé des travaux audiovisuels sur des thèmes relatifs aux Droits de l’Homme, au genre et aux problématiques sociales. Ses travaux ont été projetés dans des festivals internationaux comme le Festival latino-américain de Nuevo Cine de la Havane, le Festival ibéro-américain de Huelva, le Festival international du film sur les droits humains Bannabá de Panama et a participé en tant que directrice émergente à la Berlinale Talent du Festival international de Berlin en 2019. Enfin, elle collabore de manière indépendante en tant que photographe et directrice audiovisuelle pour les organisations d'Amnesty International Mexique, la Fondation Friedrich Ebert, Action Aid France, We Effect et la presse du Guatemala Plaza Pública.
L'invitée
Cecilia González Scavino
Cecilia González Scavino est professeure des universités en études latino-américaines. Titulaire d’un Master en Lettres Modernes de l’Université de Buenos Aires et d’un Doctorat en Littérature comparée à l’UBM, elle a été nommée Maître de conférences d’espagnol en 2004. Ses domaines de spécialité sont la littérature et le cinéma latino-américains. Elle est l’auteur d’une soixantaine de publications, dont sept ouvrages ou dossiers de revue et neuf traductions d’ouvrages SHS. Elle est membre de l’équipe AMERIBER, où elle encadre à l’heure actuelle huit thèses et coordonne depuis 2013 un séminaire interdisciplinaire de recherches sur la narration et l’histoire (SIRENH). Depuis 2014, elle porte une convention avec l’Université de La Plata (Argentine) dans le cadre de laquelle elle codirige le projet POSMEMORIAS (2017-2020). Elle assure des ateliers de lecture à l’Ecole doctorale et des séminaires en master Etudes hispaniques et en Master Etudes Culturelles, formation dont elle devenue co-responsable en 2019-2020. Elle a exercé les fonctions de directrice adjointe de l’UFR Langues et civilisations et directrice du Département d’Etudes Ibériques, ibéro-américaines et méditerranéennes. Elle a été membre élu du Conseil de l’Institut d’Etudes ibériques et ibéro-américaines, du Conseil de l’UFR Langues et civilisations et du Conseil d’Administration de l’UBM. Depuis 2016, elle siège au Conseil d’AMERIBER.
L'association invitée
Collectif Guatemala
Le Collectif Guatemala est une association à but non-lucratif dont l’objectif est le soutien aux organisations de droits humains et au mouvement social et autochtone guatémaltèques dans leurs efforts pour construire un État de droit. Ses grands axes d’intervention sont : · Sensibilisation et information du public français (projections-débats, publications, conférences, etc.) · Appui aux organisations de la société civile guatémaltèque (accompagnement protecteur non-violent grâce à l’envoi de volontaires sur le terrain, relais des alertes concernant des violations aux droits fondamentaux, etc.) · Plaidoyer et inter-action avec des réseaux associatifs de solidarité internationale en France (Amnesty International, FIDH,etc.), en Europe et au Guatemala (FONGI).
Pour aller plus loin...
Mercredi dernier, le documentaire 20 años despues, réalisé par Anaïs Taracena et Rafael González, a été présenté dans la ville de Quetzaltenango. Il porte sur la vie des anciens combattants de l’Armée de guérilla des pauvres, EGP, deux décennies après la signature des accords de paix.
Le documentaire, présenté dans les espaces nationaux et internationaux, nous incite à réfléchir aux coûts humains de la paix et nous amène à nous interroger sur ce qui se passe après la remise des armes. En espérant que les travaux susciteront une large discussion, je me concentrerai sur trois thèmes.
Tout d’abord, l’importance du témoignage des ex-combattants. C’est l’un des rares documentaires dans lesquels des ex-combattants, hommes et femmes de la base, sont les protagonistes qui racontent leur histoire et réfléchissent à leur position d’acteurs politiques de gauche qui ont pris le chemin des armes pour changer le Guatemala. De plus, l’inclusion de voix féminines rompt avec la narration masculine et hiérarchique qui domine les quelques productions réalisées sur le monde de la guérilla guatémaltèque.
Deuxièmement, il faut reconnaître que l’absence de voix est due au climat de criminalisation qui a empêché l’analyse et la justification de ces témoignages, ainsi qu’aux expériences et à la fière participation d’hommes et de femmes, métis ou indigènes, au sein des groupes insurgés du pays. Malheureusement, au Guatemala, l’utilisation de certains termes continue d’être une forme de criminalisation. La guérilla, la subversion ou la révolution sont des catégories qui, aujourd’hui encore, sont stigmatisées.
Enfin, 20 años despues est une critique et un appel à réfléchir sur les coûts de la paix et des négociations menées à partir de positions privilégiées de gauche et de droite, qui ont laissé la base, ceux qui ont cru et donné leurs meilleures années et vies aux projets révolutionnaires, dans des situations précaires et dans les limbes. Lors des négociations de paix, le resserrement des rangs pour poursuivre certains objectifs politiques a conduit la hiérarchie de la guérilla à négliger les besoins de réincorporation des combattants, devenus des personnes sans destin. Plus de 20 ans après les accords de paix, il est temps de débattre des complexités liées à la participation aux rangs de la guérilla, et la discussion est toujours en cours.