Monica y el ronco
Patricio Pardo | Chili – France | 52′ | 2020
Monica Echeverria est sans aucun doute l’une des plus importante intellectuelle du XXe siècle, au Chili. Elle est aussi la mère de Carmen Castillo, réalisatrice chilienne.
Guillermo Rodrigues Morales, dit El Ronco, est un acteur majeur de la résistance chilienne pendant la dictature.
Monica Echeverria et Danielle Mitterrand ont sauvé la vie de Guillermo Rodriguez, lors de la tentative d’empoisonnement qu’il a subi, par la junte au pouvoir, à la prison publique de Santiago, en 1981.
« Je souhaitais réunir Monica et Guillermo pour avoir leurs témoignages et ainsi transmettre leurs expériences. Nous avons réalisé cette rencontre à la Villa Grimaldi, un lieu symbole de la torture et des disparitions forcées à Santiago. Monica est décédée il y a quelques jours. Dans un ultime acte de résistance après son décès, elle souhaitai à travers une photo symbolique, dénoncer les graves violations des droits humains qui ont lieu en ce moment au Chili. » Patricio Pardo
“ Un documental de Patricio Pardo que recoge los testimonios de la intelectual Monica Echeverria y Guillermo Rodriguez, reconocidos militantes de la resistencia a la #dictadura” "Un documentaire de Patricio Pardo qui recueille les témoignages de l'intellectuelle Monica Echeverria et de Guillermo Rodriguez, militants reconnus de la résistance à la #dictature".
Le réalisateur
Patricio Pardo
Patricio Pardo Avalos est né à Santiago du Chili en octobre 1954. À l'âge de 16 ans, il se destine à une carrière d'électricien, mais le coup d'Etat de 1973 l'oblige à abandonner ses études. Quelques mois plus tard, il est arrêté par la DINA, la police secrète de la dictature de Pinochet.
Après plusieurs semaines de détention, il est transféré dans un camp de concentration, puis libéré sans être ni condamné ni jugé. Dès lors, il consacre son temps à l'organisation de la Résistance au régime.À nouveau recherché par la police secrète, il est contraint de passer dans la clandestinité pour poursuivre son action.
En août 1984, il est contraint de quitter le Chili et obtient pour sa famille et lui-même un statut de réfugié politique en France.
En mars 1985, il s'installe à Grenoble, reprend son travail d'électricien et se rend souvent au Centre Audiovisuel où il pratique la photographie. Par la suite, il est admis à l'INSA de Lyon pour suivre une formation audiovisuelle.
Enfin, depuis 1989, il réalise des documentaires qui questionnent les droits de l'homme et
la démocratie.
Pour aller plus loin...
Bordeaux : ils réclament la libération de 2500 prisonniers politiques au Chili
Un groupe d’une vingtaine de personnes représentant les associations et groupes proches de la communauté chilienne de Bordeaux s’est mobilisé ce jeudi soir, place de la Victoire, pour exprimer sa solidarité envers les prisonniers politiques du mouvement social lancé en octobre 2019, au Chili.
« Aucune charge contre eux »
Selon Ivan Quezada, président de l’association France -Chili Aquitaine, il resterait encore 2500 personnes dans les prisons chiliennes, essentiellement des jeunes. « Nous demandons leur libération immédiate. Il n’existe aucune charge contre eux, ce sont simplement des manifestants qui ont été arrêtés », souligne-t-il, pointant le régime du président Sebastián Piñera, « démocratiquement élu et qui dérive vers la dictature ». Arrivé en France en 1977 comme réfugié politique, Ivan Quezada dit avoir connu les arrestations arbitraires pendant des mois sans qu’il ne se passe rien.
« Changer la Constitution »
La date du 10 décembre correspond à la Journée internationale des Droits de l’Homme. D’autres manifestations étaient organisées ce même jour partout en Europe et sur le continent américain. « Nous sommes solidaires du grand mouvement social qui a déclenché la décision de tenir un référendum en octobre dernier. Nous espérons à présent que tous les Chiliens pourront contribuer à changer la Constitution laissée en héritage par le dictateur Pinochet », a témoigné Marcela Marchant-Angibaud. Pinochet, qui, par un curieux hasard, est aussi mort un 10 décembre. C’était en 2006.
PAR THOMAS GIRAUDET
« ¡Chile despertó! », quand le Chili se réveille
Le peuple chilien ne peut plus et ne veut plus subir. En proie à de violentes manifestations depuis le 7 octobre 2019, le Chili vient s’ajouter à la longue liste de pays connaissant actuellement une vague de mouvements contestataires dans le monde. Entre couvre-feu, état d’urgence et répression des forces de l’ordre, le bilan humain s’alourdit de jour en jour alors que les manifestations gagnent de plus en plus de terrain. « ¡Chile despertó! » (en français, « Le Chili s’est réveillé ! ») : c’est le cri de ralliement venu de la rue.
Tout a démarré suite à l’augmentation du prix du ticket de métro, un prix qui s’était déjà élevé de vingts pesos en janvier 2019. Début octobre, le tarif a de nouveau grimpé de trente pesos, atteignant un montant de 830 pesos l’unité (soit 1,04 euros). Les Chiliens dépendent fortement du réseau national de transports en commun. Voilà pourquoi la hausse du prix du ticket, qui n’est pas sans rappeler la hausse des taxes sur le carburant de novembre 2018 en France, a réuni la plus grande foule dans les rues du Chili depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet
L’illusion du « miracle chilien »
Élément déclencheur de soulèvements populaires encore rarement observés au XXIème siècle, cette hausse du prix du ticket met en exergue la précarité des conditions de vie du peuple chilien. Mais, dans une plus large mesure, c’est la lutte contre les inégalités économiques et sociales qui représente la principale motivation des manifestants. En effet, à notre époque, le Chili détient un des plus mauvais indices en matière d’inégalités (0,46 sur le coefficient de Gini). En 2017, 1% de la population concentrait un tiers des revenus du pays (soit 26,5% du PIB national).
Parmi les revendications des Chiliens, on retrouve notamment des prestations sociales comme un meilleur accès aux soins ou aux études supérieures, tous deux relativement chers par rapport au niveau de vie dans le pays. Pour les manifestants, leur situation actuelle résulte d’une trentaine d’années de politique néo-libérale inspirée par les Chicago Boys. Une privatisation progressive du patrimoine commun, une réduction du pouvoir de l’État, une libéralisation de l’économie, la santé et l’éducation : il ne s’agit pas de se battre « pour trente pesos, mais contre trente ans de politique » comme le scandent les manifestants. Depuis un mois, les violences ne font que s’accroître dans l’espace public. Des commerces ont été pillés. Des infrastructures ont été incendiées. Des opérations escargot sont organisées sur les routes reliant Santiago, la capitale, au reste du pays pour s’opposer à l’augmentation des tarifs aux péages routiers. Le métro de la ville de Santiago, qui transporte quotidiennement trois millions de personnes sur une distance totale de 140 kilomètres, ne circule plus en raison de blocages permanents.
Des miettes pour la plèbe
Face à un tel mouvement de contestation, le Président du Chili, Sebastián Piñera, tente d’apaiser la colère populaire en promulguant toute une série de mesures sociales (dont une hausse de l’imposition pour les plus riches, une augmentation du minimum vieillesse et un gel des prix de l’électricité). Il a également renouvelé un tiers de son gouvernement, en particulier le ministre de l’Économie (Juan Andrés Fontaine), le ministre des Finances (Felipe Larraín) ou encore le ministre de l’Intérieur et chef du cabinet présidentiel (Andrés Chadwik). Sebastián Piñera indique que ce n’est que le début de son plan d’action : « Ces mesures ne résolvent pas tous les problèmes, mais il s’agit d’un premier pas important ». Malgré les tentatives gouvernementales de calmer le jeu, les Chiliens affirment que ces quelques concessions ne répondent en rien à leur situation. « La société attendait des annonces beaucoup plus conséquentes » estime Lucía Dammert, sociologue à la Université de Santiago du Chili et porte-parole du Frente Amplio (« Front Large » en français), la coalition politique chilienne de gauche qui veut créer une alternative au bipartisme traditionnel. Elle s’est adressée à Sebastián Piñera : « Président, les Chiliens veulent du changement, pas des mots ! ».
Comme un arrière-goût de dictature
En moins d’une semaine, à cause du climat politique actuel, trois événements d’envergure internationale ont dû être annulés et transférés à l’étranger : la COP25, le sommet de la Coopération Économique pour l’Asie-Pacifique et la finale de la Copa Libertadores, le championnat de football le plus prestigieux en Amérique latine. Dans les rues de Santiago, le danger reste omniprésent. A la date du 6 novembre, l’Instituto Nacional de Derechos Humanos chiffre le bilan humain des manifestations à 23 morts et près de 2 500 blessés. Selon cet organisme public indépendant du Chili, en seulement vingt jours, environ 150 plaintes ont été d’ores et déjà déposées devant les tribunaux pour « tortures et traitements inhumains de la part des forces de l’ordre ». Pour Nancy Yañez, la directrice du Centre des Droits de l’Homme à l’Université du Chili, « le caractère massif de ces violations des droits de l’Homme, en à peine trois semaines, montre la gravité de cette situation sans précédent depuis le début de la transition vers la démocratie » d’après les propos rapportés par Justine Fontaine (correspondante du journal Libération).
L’enseignante de droit, Nancy Yañez, ajoute par ailleurs « qu’à l’instar des Mapuches, pointés du doigt comme des “terroristes” par l’État chilien, les manifestants mobilisés dans les rues du pays ont été désignés comme un ennemi interne ». Le Président du Chili, Sebastián Piñera, a lâché cette phrase au sujet des manifestants qui a fait l’effet d’une bombe : « Nous sommes en guerre contre un ennemi puissant et prêt à tout pour détruire notre gouvernement. » Dans un contexte de répression généralisée, la déclaration susmentionnée n’a fait qu’alimenter le sentiment d’impunité chez les forces de l’ordre, les incitant à continuellement violer les droits de l’Homme. Une catastrophe humanitaire, en somme.
Source : http://www.lejournalinternational.info/chile-desperto-quand-le-chili-se-reveille/