La cinéaste Katia Lara nous plonge une seconde fois dans la vie de Berta Cáceres, militante féministe connue pour ses actions répétées contre la société hondurienne et assassinée le 2 mars 2016 à son domicile. Après être revenue sur les combats qu’elle a menés, dans Quién dijo miedo?, ici, la cinéaste met en avant son dernier combat contre le barrage hydroélectrique « Agua Zarca » sur le Rio Gualcarque, qu’elle parvient à arrêter. Le film retrace les événements depuis cette victoire jusqu’à deux semaines après sa mort.
UN HYMNE A LA LUTTE
Si, les écriteaux blancs sur fond noir, les images d’archives de Berta Cáceres, ainsi que les témoignages, laissent penser que le film n’est qu’un simple documentaire didactique sur la vie, ou plutôt la mort de Berta Cáceres, la réalisatrice fait pourtant usage d’éléments symboliques pour représenter son sujet. Il en va de soi, le spectateur accepte sans conteste ces éléments qui inscrivent le film dans le genre documentaire, c’est même parfois une attente de leur part mais, ce genre cinématographique a évolué aujourd’hui et la cinéaste semble aller dans ce sens. Les images de la nature, et plus particulièrement de la rivière, laissent place à une contemplation du monde. La métaphore des corbeaux, représentant la mort, dont l’un des deux s’envole lorsque le témoin raconte la mort de Berta Cáceres, inscrit ce documentaire dans cette période contemporaine où l’on cherche à produire des films poétiques, bien que didactiques.
Le film, par ces images symboliques et contemplatives, offre une sensibilisation de la lutte pour l’environnement. Les nombreux plans de rassemblement pour Berta Cáceres, mais également pour l’abandon de la construction d’un barrage, mettent en avant une lutte perpétuelle et toujours actuelle aujourd’hui. L’omniprésence de la figure de Berta Cáceres à travers les archives, son discours pour le prix Goldman, les photographies, les pochoirs qui deviennent des tags à son image, inscrit cette femme dans l’histoire des femmes en lutte en Amérique Latine, un thème abordé par les 36èmes Rencontres du cinéma latino-américain à Bordeaux cette année. Plus qu’une sensibilisation de la lutte, ce film est un réel message sur la situation actuelle en Amérique Latine. Elle permet de montrer les conséquences qu’on inflige aux défenseurs et nous montre des sociétés bien différentes des nôtres. Une lutte à laquelle nous ne pouvons qu’adhérer.