Bruno Jorge
Brésil
150 min
2022
Synopsis
Dans la forêt amazonienne du Brésil, habitent environ 1.7 millions de personnes indigènes, réparties entre plusieurs centaines d’ethnies, parlant de très nombreuses langues et ayant des contacts parfois inexistants avec le reste de la population brésilienne. Leur territoire est théoriquement protégé par l’Etat, mais dans la réalité le braconnage et la taille illégale des arbres menacent la vie de ces populations. Occupation, violence, mort et déplacement. Le film suit une expédition, menée en 2019 par l’organisme gouvernemental FUNAI et par le chef d’expédition, indigéniste assassiné depuis, Bruno Pereira. Le but de ce voyage au cœur de la forêt est celui de retrouver un groupe de Korubo ayant été déplacé suite à des violences et qui serait perdu et vulnérable.
Trailer
Programmation
dimanche 24 mars à 14h
Pour aller plus loin
“En une plongée hallucinante en dehors des récits classiques, Bruno Jorge suit avec sa caméra, seul en tant qu’équipe, une expédition auprès de communautés au cœur de le forêt amazonienne proche de la frontière avec le Pérou. L’objectif de ce voyage organisé par la FUNAI consiste à entrer en contact avec des communautés amazoniennes isolées qui n’ont plus de moyens de se préserver des épidémies virales apportées par l’extérieur. Bruno Jorge est invité à accompagner cette traversée de plus d’un mois avec la préoccupation d’éviter toute rencontre sans consentement mutuel dans le respect de l’autre dans toute son altérité.
Le fantasme de la première rencontre où chacun et chacune représente une forte altérité est au cœur de l’intrigue. En effet, le film est résolument divisé en deux parties : avant et pendant la rencontre, passant d’un regard à l’autre sur l’autre. Le cinéaste tente de relever le défi d’intégrer l’altérité au sein même de sa narration où la rencontre laisse un trouble inoubliable qu’il retranscrit par une grande attention aux multiples gestes où l’autre se voit invité dans des rituels, à partager les liens d’une communauté étroite : Bruno Jorge ralentit alors le temps pour s’arrêter émotionnellement sur des moments de confrérie hors du temps où l’on danse, chante en appuyant sur le regard et avec de langues étreintes associées à une dimension tactile décomplexée pour exprimer et recevoir des émotions spontanées.
L’autre n’est plus l’objet d’étude mais bien le sujet d’un récit où le cinéaste s’efforce de retranscrire au mieux la narration qui lui est propre. Il en résulte une expérience qui dépasse la seule dimension anthropologique pour accéder à une rencontre sans pollution du regard idéologique.”
Source : FBAL 2023 : « A Invenção do outro » de Bruno Jorge | Le Club (mediapart.fr)